Première réforme liturgique
’est par un drame que commence l’histoire de l’humanité sortie du jardin d’Eden. Nous ne savons d’Adam qu’une chose, c’est qu’il cultiva les fruits de la terre (Gn 3,23). Ce premier moment de l’histoire humaine, nous le connaissons par l’histoire de Caïn et Adel. La première lecture du quatrième chapitre de la Genèse nous fait penser à un fabliau. C’est gênant de voir le Seigneur peu charitable et caractériel dont la négligence de ne pas regarder Caïn va causer la mort d’un innocent. Abel est vu comme un benêt se laissant tuer sans savoir pourquoi par son grand frère. Bon, l’on se dit que le Seigneur connaissant l’avenir, a manqué peut-être de discernement.
Il m’a semblé trouver une clé de cette histoire en lisant la version Vetus latina : Et respexit Deus super Adel, et numera ejus. Super Caïn vero, et sacrificia ejus, non respexit. En effet l’on a l’habitude de lire la version latine de la Sixto-Clémentine de 1598, après le concile de Trente : Et respexit Dominus ad Adel, et numera ejus. Ad Caïn vero, et numera illius, non respexit. La Vetus latina fait une différence entre Abel avec : numera ejus, et Caïn avec : sacrificia ejus. Cela nous éclaire sur le fait que cette histoire ne narre pas les dévotions personnelles des deux premiers frères de l’humanité. Car s’il en avait été ainsi le Seigneur n’aurait pu que jeter son regard affectueux sur les deux dévotions. Cet événement porte sur la manière de sacrifier l’Agneau immolé dès l’origine du monde Ap 13,8
Tout porte a supposer que nous sommes devant un acte extrêmement grave de l’humanité, ou la manière de faire de Caïn, devait être sanctionné par le Seigneur. Où Abel devait se livrer en victime pour sauver l’honneur de Dieu et le salut de l’humanité. Caïn, l’ainé, avait remplacé son père Adam encore vivant, dans la fonction de pontife.
Le juste sacrifice, que ce soit celui que devait faire Adam, Caïn ou Abraham, acceptant de sacrifier son fils, ou l’actuel saint sacrifice de la messe, c’est le même. Lorsque Dieu demande à Abraham de lui sacrifier son fils, en retenant sa main qui va sacrifier Isaac, il ne change pas sa demande, car le fils d’Abraham sera quand même sacrifié, plusieurs générations plus tard, sur la Croix. Dans la nouvelle loi, c’est le même sacrifice, tout aussi sanglant.
Le conflit entre les deux premiers fils d’Adam, est un conflit de conceptions liturgiques, qui sont en fait l’expression de deux conceptions de la réalité. Caïn est plein de bons sentiments, cet Agneau immolé dès l’origine du monde Ap 13,8, qu’il a vu dès sa première enfance égorgé par son père Adam, est pour lui un scandale.
Caïn avait fait une faute très grave, dont il connaissait la gravité, car une faute grave ne peut se faire qu’avec connaissance. Mais le Seigneur ne va pas le punir pour cette faute, en effet le Seigneur ne le puni pas, seulement il ne regarde pas son sacrifice. Il est intéressant de voir que dans la Rome païenne, les crimes d’impiétés ne portaient pas sur les fautes de culte, considérés d’abords comme des imprudences, mais ces crimes portent sur le fait de ne pas réparer ces fautes. Caïn savait donc qu’il devait réparer sa faute, refaire un juste sacrifice, et que le Seigneur lui pardonnerait.
Caïn ne considérait pas qu’il y avait eu une faute dans son sacrifice, il venait d’établir une nouvelle réforme liturgique. Par contre son petit frère qui n’était pas naïf, au point de se faire tuer sans raison, compris la gravité de la situation. Dans la liturgie antiochienne, pour l’offertoire, sacrifice d’Aaron, le prêtre après avoir fait mémoire de Notre Seigneur Jésus-Christ, déclare de suite : Nous faisons mémoire de la présente eucharistie, d’Adam, d’Eve… Surement ce qu’Abel fit aussi, mais laissa son frère faire le sacrifice. Abel n’était pas lui le pontife. Il savait que lui même ne pouvait pas sacrifier, que seul son frère le pouvait, que les fruits de la terre, de la manière dont ils furent offert ne suffisaient pas. Pour la paix des hommes et de la terre, il fallait que le pontife sacrifie une nouvelle victime, cette victime ce fut lui, Abel.
L’offrande d’Abel se différenciait du sacrifice de Caïn par le fait qu’elle était ce que l’on appel actuellement un offertoire. Cet offertoire commençant par la présentation de l’offrande par le diacre. Abel eu surement cette fonction avec son père Adam lorsque celui pontifiait. Comme beaucoup de réformateur, Caïn supprima l’offertoire.
Et nous arrivons au Gn 4,7, avec encore une importante différence entre les deux versions latines. La traduction de la Sixto-Clémentina fait dire au Seigneur pour expliquer sa faute à Caïn : Si tu agis bien, ne relèveras-tu pas ton visage ? je ne vois pas trop ce que cela veut dire. Mais la traduction de Vetus latina, nous allons prendre saint Irénée :
L’on peut lire toujours ceci comme problème liturgique.
Par contre la suite est intéressante : Or Caïn dit à son frère Abel: Sortons dehors. Et lorsqu’ils furent dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. Gn 4,8. En évoquant le premier meurtre de l’humanité, je vais essayer de vous présenter un ensemble de pièces de pluzz que l’on retrouvera dans presque tous les crimes de l’humanité. Le fait de le faire sortir est comme une excommunication, un parallèle est à faire avec : Et l’ayant entraîné hors de la ville, ils le lapidaient; Act 7,58. La raison du meurtre est souvent la même, Caïn pensait bien faire, et même agir pour le bien commun : il vaut mieux pour vous qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse point. Jn 11,50. Ce raisonnement ne semble pas logique , Notre Seigneur nous explique comment il peut être tenu : Vous avez le diable pour père, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et il n’est pas demeuré dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur, et père du mensonge. Jn 8,44. Le meurtrier tue car il n’est pas dans la vérité, il est dans le mensonge. Caïn qui devait voir et parler au Seigneur comme l’avaient fait ses parents au jardin d’Eden, les membres de Sanhédrin dont la première utilité étaient d’attendre le Messie, ont fait un des pires mensonges qui soit c’est celui sur la Charité : Si quelqu’un dit: J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. I Jn 4,20. Ce qui fait que malgré les prophètes, le sens commun des peuples, certains mentent, c’est par envie, par convoitise, saint Jacques nous donne le mécanisme : Mais chacun est tenté par sa propre convoitise, qui l’emporte et le séduit. Ensuite, lorsque la convoitise a conçu, elle enfante le péché; et le péché, étant consommé, engendre la mort. Jac 1,14-15. Peut-être que la première pièce du pluzz nous est donnée par le livre de la Sagesse : Mais la mort est entrée dans le monde par l’envie du diable. Sg 2,24.
Revenons à la suite de notre histoire. Le péché d’Adam causa un trouble à la terre. Le meurtre de Caïn causera une réaction de la terre contre lui. Le Seigneur lui dit : Vous serez donc maintenant maudit sur la terre, qui a ouvert sa bouche, et qui a reçu de votre main le sang de votre frère. Quand vous l’aurez cultivée, elle ne vous rendra pas son fruit. Vous serez fugitif et vagabond sur la terre. Gn 4,11-12. L’on peut très bien interpréter que c’est plus la terre troublée qui va sanctionner Caïn que le Seigneur. A ce moment le meurtrier prend conscience de la gravité de son acte déclare : Mon iniquité est trop grande pour que j’en obtienne le pardon… Quiconque donc me trouvera, me tuera. Gn 4,13-14 A ce moment l’on peut voir la miséricorde du Seigneur envers celui qui reconnait la gravité de ses péchés : quiconque tuera Caïn en sera puni sept fois. Gn 4,15.
Et tous le monde semble croire que l’histoire s’arrête ici. Que la malédiction est perpétuelle. Mais tout est bien qui fini bien, c’est l’happy end. Le Seigneur est bon : Et ayant connu sa femme, elle conçut et enfanta Hénoch. Et il bâtit une ville qu’il appela Hénoch, du nom de son fils. Gn 4,17. Donc il arrête d’être fugitif et vagabond sur la terre. Peut-être que cette fondation de ville, nous donnerait une explication sur la raison de pourquoi Caïn de son vivant serait devenu pontife, alors que son père Adam vivait toujours. En cherchant dans l’histoire des peuples nous retrouvons une histoire similaire. Nous le voyons, dans les deux premiers versets de cette histoire, Caïn et Abel sont des jumeaux. Comme l’étaient Romulus et Rémus qui fondèrent Rome. Et comme Caïn tua son frère Abel, Romulus tua son frère Rémus. Comme l’on pourrait dire maintenant, le projet de vie de Caïn, était de fonder une ville. Son premier essai fut tragique. Après un long temps d’épreuve, il pu fonder une ville, et accomplir son projet de ville. Cette histoire est aussi une leçon pour l’avenir montrant le malsain désir des hommes dans leur intérêt du centre urbain de leur société à un centre rural. Au sortir de l’arche de Noé c’est ce que firent les hommes en fondant Babel au lieu de se disperser pour se multiplier et occuper la terre.
Le Seigneur béni la postérité de Caïn : Ada enfanta Jabel, qui fut père de ceux qui demeurent dans des tentes, et des pasteurs. Gn 4,20. Si Noé fut de la lignée de Seth, ce verset nous permet de croire que son épouse et ses belles filles étaient de la lignée de Caïn. De cette lignée sortir : Ceux qui jouent de la harpe et de l’orgue Gn 4,21. Non seulement contant d’avoir comme descendants des nomades, des pasteurs, des artistes, il eu comme petit fils : Tubalcaïn, qui eut l’art de travailler avec le marteau, et qui fut habile en toutes sortes d’ouvrages d’airain et de fer. Gn 4,22.
La conclusion de cette belle histoire sur la miséricorde du Seigneur, nous donne l’espoir que les pires des persécuteurs qui au nom d’une réforme liturgique peuvent tuer, peuvent aussi se repentir et donner de bons fruits.
Le but de votre article, atteint à la conclusion, est excellent.
Cela ne nous empêche pas de nous situer pour ou contre la tradition lefébvriste, en toute clarté et dans le dialogue.
Mais l’analyse littéraire du texte, et les rapprochements par sauts si brusques, avec le vocabulaire catholique de la liturgie, a de quoi faire bondir les exégètes ! Mon parrain prof de Bible à la catho a dû se retourner sur son nuage… Pour ma part, je regrette le grand nombre de fautes d’orthographe : vous écrivez trop vite, ce sont des distractions. Mais la valeur d’un texte qui commente la sainte Ecriture doit respecter le sacré… il faut donc y mettre le double d’efforts d’attention. Enfin, bien que j’aime la forme très libre du style « conversation », je conseillerais d’adopter au contraire un style classique, forme sonate en trois mouvements ou parties. Ainsi, la construction rendrait encore plus agréable la lecture, … qu’elle n’est déjà ! merci encore !