Exclusion dans l’Eglise

En début de cette année 2018, nous n’aurions pas pu imaginer que la chanson l’Eté sera chaud, aurait pu s’appliquer à l’Eglise catholique. Et pourtant, c’est bien ce qui c’est passé. Pour ma part j’étais en réflexion de me dire que par rapport à la méchanceté que dans ma vie j’avais dû subir de certains prêtres, je n’avais que quatre options : perdre la foi, me suicider, devenir fou, ou vivre dans une sombre vie de péchés. Mais en voyant le scandale du silence des abus des prêtres dans l’Eglise, car plus que les abus des prêtres ce qui est plus grave c’est le silence des autres prêtres et évêques devant la souffrance des victimes, devant ce scandale il ne restait une cinquième option, chercher pourquoi cela était arrivé.

Des souvenirs qu’il me restait d’expérience cléricale, une première constatation me venait à l’esprit : Ces prêtres, religieux, religieuses sont formés dans un système de dissimulation, d’exclusion et de terreur. Deux témoignages expriment cette affirmation. Le premier je le tiens d’un prêtre m’ayant raconté, qu’un jour un supérieur de son séminaire lui a demandé à lui et à un autre séminariste de le suivre, ils sont rentrés dans une chambre d’un vieux religieux, le supérieur lui a dit que quitter de suite les lieux, et a demandé aux deux séminaristes de mettre ses affaires dans des sacs et de les mettre à la rue. Le prêtre n’a pas pu me dire la raison de cette opération. Un autre prêtre m’a dit que dans son séminaire, lorsque le renvoie d’un séminariste avait été décidé, plus personne ne pouvait lui parler pour les heures et jours qu’il lui restait à demeurer dans le séminaire.

Dissimulation des causes de renvoie, système d’exclusion et terreur de savoir pourvoir être exclu. Certains se souviennent de cet excellent ouvrage : La tête coupée, ou, La parole coupée : le calcul et la mort sont les deux pôles de la politique d’Arnaud-Aaron Upinsky. En le lisant à sa sortie au début des année 90, j’exprimé la certitude que l’Eglise faisait exception à cette règle.

Maintenant j’invite mon lecteur de prendre une bonne minute pour visionner une vidéo :

 

Qu’y voyons-nous ? Un jeune homme solitaire, accompagné d’un chien, lisant un livre sur une pelouse dans un parc. Il reçoit un frisbee, se lève pour le renvoyer à deux joueurs au loin. Au moment ou il va pour se rassoir un des joueurs lui renvoie le disque-volant pour lui faire participer au jeu. Son visage se rempli de contentement. Il a droit à quelques passes, Mais brusquement les deux joueurs décident de ne plus envoyer le jouet. On le voit étonné, il retourne s’asseoir sur la pelouse le visage triste.

Cette vidéo a été tournée dans le cadre d’une étude des neurosciences sur l’exclusion sociale. Visionnée par la plus part des personnes normales, elles verront qu’à la fin de la vidéo se trouve une souffrance sur le visage du solitaire. Si vous la faite visionner par des prêtres, vous entendrez dire que le solitaire devrait prendre sur lui même, et que s’il souffre c’est qu’il manque de maturité.

Author

Frère Jérôme