Et omnibus orthodoxis

e deuxième article est encore une pièce de pluzz du tableau portant sur l’anthopopraxie. Bien que je n’ai pas encore défini ce mot, je continu à préciser le vocabulaire qui permettra de parler de concepts particuliers Nous le verrons par la suite, dans nos études des comportements et des fonctionnement cérébraux, que les plus grands problèmes proviennent d’erreurs subjectives provenant de pulsions contextuelles. C’est pour cette raison que nous avons besoin de certitudes autant dans l’action que la pensée et donc les moyens de déterminer ces certitudes.

Après le regard jeté sur la traductions de mots de l’Ecriture sainte, je vais m’intéresser à la traduction de trois mots venant de la tradition et de la liturgie.

Orthodoxis

Pour comprendre la gravité du changement du sens orthodoxis, je vais prendre comme exemple les termes du canon de la messe que de toutes antiquité l’on disait après : Una cum famulo tuo pap nostro N, et Anstite nostro N, et Rege nostro N. Ces termes sont : et omnibus orthodoxis atque fidei catholicae et apostolicae culturibus. C’est traduit actuellement par : et tous ceux qui veillent fidèlement sur la foi catholique reçue des Apôtres. De cette traduction le mot très important : orthodoxis a été tout simplement supprimé au prétexte qu’en évoquant ceux qui veillent fidèlement, elle ne fait qu’évoquer les orthodoxes. Elle est exclusive, concernerait après le pape et l’évêque, que les seuls membres de la hiérarchie de l’Eglise. Mais sur le plan littéral, même sans connaître le latin l’on voit que cette traduction manque de mots. Un jeune collégien la traduirait ainsi : Et tous les orthodoxes, et tous les cultivateurs de la foi catholique et apostolique. C’est une formule plus inclusive, elle concerne tous les bons fidèles de l’Eglise.

Nous nous trouvons devant le mot : orthodoxis, en français : les orthodoxes, venant du mot orthodoxie. Il est admis par presque tous que ce mot signifie : ortho : droite et doxie : opinion, doctrine. Pour le dictionnaire Bailly : « doxa » veut dire « évaluation » dans les plus anciens textes grecs, et par extension, « réputation ». Mais pour le cardinal Ratzinger, maintenant pape émérite, dans un texte, à l’article : 5 Orthodoxie et orthopraxie, (troisième paragraphe) précise :

Dans le suffixe « doxia », « doxa » n’était pas compris au sens d ‘ »opinion » (opinion réelle). Du point de vue grec, les opinions sont toujours relatives; “Doxa” était plutôt compris dans son sens de “gloire, glorification”. Être orthodoxe signifiait donc connaître et pratiquer la bonne manière par laquelle Dieu veut être glorifié. Il fait référence au culte et, basé sur le culte, à la vie. 

Nous retrouvons ce terme de Doxa dans la doxologie en grec : Doxa patri kai huio kai hagio pneumati. Il est vrai que le sens de ce mot semble s’être perdu en Occident, mais il s’est conservé dans les langue slave : Pravoslavie. Pravo : vraie / Slavie : gloire. L’orthodoxie doit être entendue dans un sens restrictif pour l’Eglise : les règles, le culte qui va permettre de manifester la gloire de Dieu. C’est en somme une orthopraxie et qui correspond à l’antique piétas mettant le fidèle dans la juste place qu’on occupe dans la hiérarchie sociales et cosmique et donc des devoir qu’elle implique envers la famille, la collectivité civique et la divinité. Ce changement du sens de l’orthodoxie, conduira à la perte de la pietas des peuples occidentaux par les réformes liturgiques romaines du XXe siècle et provoquera les plus grands troubles psychologiques de peuples entiers que l’on vit dans l’histoire humaine.

Mais aussi dans un sens large pour l’individus : le fait de manifester sa gloire. Notre vraie gloire est celle que Dieu a mis en nous, c’est-à-dire la sienne. Car toute existence, celle du minéral, du végétal, de la bête et de l’homme est faite pour manifester la gloire de Dieu. Observons avec grande attention les paysages splendides, l’humble coquelicot, le majestueux chêne, le chat attendrissant tous tendent a exprimer la gloire, leur gloire, celle que Dieu a mis en eux, la gloire de Dieu lui-même.

Fides

Le deuxième mot sur lequel je vous invite à vous pencher, c’est Fides, foi, en français, ce mot latin a aussi donné fidelis : fidélité. Nous le retrouvons dans la formule liturgique précédemment citée : atque fidei catholicae et apostolicae culturibus. Dans son dictionnaire de la Bible, Vigouroux commence à nous définir le terme foi de la sorte : vertu de la volonté qui fait tenir les promesses. Et par la suite il nous donne la définition scolastique de la foi : vertu surnaturelle au moyen de laquelle l’homme adhère, sans hésitation et sans crainte, aux vérités révélées par Dieu et proposées comme telles par l’Eglise. Mais l’on peut légitimement émettre le postulat que les apôtres qui rédigèrent les évangiles et épîtres, n’avaient pas lu saint Thomas d’Aquin, et donc utilisaient ce mot foi dans le sens qu’il était utilisé par leurs contemporains. Voici donc une définition de la fides romana :

conduite exprimant une disposition permanente de la volonté, la fidélité à ses obligations et spécialement à ses engagements… en les mettant sous la garantie de Jupiter Optimus Maximus, avec la certitude que cette conduite obtiendra des bénéfices.

Voir dans la foi, une simple adhésion à des vérités révélées, ne permet pas de saisir les paroles de : vas, ta foi t’a sauvé. Alors qu’en y voyant une vertu de fidélité à ses engagements, fera comprendre l’affirmation du Seigneur envers le centurion. Ce romain avait la certitude que la fidélité à son devoir allait lui apporté les bons auspices du Dieu d’Israël. La foi est une vertu, ce qui signifie une force, donc c’est une réalité dynamique et non statique comme le serait un simple dépôts de vérités.

En lisant saint Paul qui parfois met en parallèle foi et loi, je me suis trouvé en face d’incompréhension avec la définition scolastique de la foi. Alors qu’en donnant à ce mot le sens qu’il avait dans l’antiquité, ces propos de saint Paul me semblent plus clairs. Evidement la foi dont parle saint Paul n’est pas celle du Mos majorum des romains fondée sur Jupiter Optimus Maximus, presque pourrait-on dire la divinité suprême à Rome. Cette foi en Jésus dont parle saint Paul est précisée dans le canon de la messe : fidei catholicae et apostolicæ. Elle est : catholicæ, elle dépasse la dimension de Rome, et elle est : apostolicæ, elle peut conduire jusqu’à la mort, jusqu’au martyr, comme l’ont fait les apôtres à la suite de leur divin Maître. C’est dans le sens qu’elle repose sur Jésus Christ, qu’elle impose l’adhésion et connaissances des doctrines enseignées par son Corps mystique qu’est l’Eglise. En résumé, je donnerais comme définition de la foi évangélique :

Vertu naturelle qui donne la certitude, lorsqu’elle est fondée sur Jésus Dieu, qu’en accomplissant son devoir, Dieu exaucera nos demandes.

Je parle évidement de la foi évangélique, celle se trouvant dans l’évangile, celle que peut avoir le païen Centurion, ou l’hérétique lépreux samaritain. Je ne parle pas de la foi théologique, qui est une vertu théologale reposant sur l’adhésion à des vérités et exprimé dans l’acte de foi. Au sujet de cette foi, comme nous apprend la théologie, si l’on en nie un seul élément on perd la foi. Le pape Pie IX le précise à la fin de la constitution Ineffabilis Deus définissant le dogme de l’Immaculé conception :

Qu’il ne soit donc permis à qui que ce soit de contredire, par une audacieuse témérité, ce texte écrit de Notre déclaration, décision et définition ou bien d’y porter atteinte et de s’y opposer. Que si quelqu’un avait la hardiesse de l’entreprendre, qu’il sache qu’il encourrait le courroux du Dieu Tout-Puissant et de ses apôtres Pierre et Paul.

Catholicus

Il est admis de presque tous, que le mot catholique signifie : universel. Ce qui donne à ce mot une dimension presque uniquement spatiale. Il faut savoir que les mots orthodoxis et catholicus sont typiquement chrétiens, inventés par les chrétiens pour exprimer des réalités spécifiquement chrétiennes. Les premiers chrétiens possédaient le mot œcuménique, qui a un réel sens spatial, l’ensemble de la terre habité. S’ils ont forgé le mot catholicus, c’est qu’ils voulaient lui donner une dimension dépassant la spatialité. Les églises latines procédaient dans leur vocabulaire latin le mot : universalis, si elles ont adopté le mot grec catholicus, c’est que pour elles, il exprimait une autre réalité plus large. Je donnerais la définition de la catholicité par le dictionnaire de Diderot :

Certains objecterons que cette source leur laisse désirer plus de sérieux. A cela je citerais saint Vincent de Lérins, l’auteur ancien le plus cité par Bossuet, dans son Commonitorium : Il faut veiller avec le plus grand soin à tenir pour vrai ce qui a été cru partout, toujours et par tous. L’on peut dire que ce concept de catholicité est un rempart au relativisme qui cause le désordre dans la société et la vie des individus.

Author

Frère Jérôme

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