In principio erat Verbo

In principio erat Verbo

Bien qu’il ne soit pas Père de l’Eglise, Albert Camus disait : Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. Ce n’est pas la pensée qui fait les mots, mais les mots qui font la pensée. Un vocabulaire plus riche permet une pensée plus juste et précise. La justesse du mot fonde le moins mauvais droit dans la société. Et nous en arrivons à cette suite logique : la justesse du mot permet le droit, le droit conduit à la justice, la justice donne la charité, la charité évite le désordre et la douleur.

Dans cet article je me limiterais à quatre termes verbum, orthodoxis, fides et catholicus. L’on doit admettre que le sens de ces mots est fondamental pour notre doctrine, mais l’intellectualisme de la théologie des églises latines, semble avoir fait perdre leur sens à ces mots.

In principio erat Verbo

Commençons par Verbo, dans le Prologue de saint Jean, traduit par le Verbe, ou la Parole, un peu dans un sens de rationalité, de logique. C’est en me penchant sur la version araméenne que je me suis aperçu qu’en cette langue ce mot se traduisait par Miltha, c’est à dire mot. Que les versions anglaises, venues au commencement des version latines nous donnent : In the beginning was the Word. En russe, venant du slavon traduit du grec nous avons : В начале было Слово, et Слово, (Slova) signifie aussi mot. En latin nous prendrons le Grand dictionnaire latin, à l’article verbum, à la section : Locutions, expressions et exemples, nous verrons que le sens de mot, prime sur celui de raisonnement logique.

Dans son dictionnaire, Anatole Bailly, à la page 1200, pour le terme : λόγος, comme deuxième sens, il donne celui de : mot. Pierre Chanteraine dans son Dictionnaire étymologique de langue grecque, à la page 625, il montre que l’étymologie de ce terme signifie : choisir. Ce qui conforte ma pensée de dire que le terme de Vebum va dans le sens de précision du mot.

Même saint Thomas d’Aquin, dans sa Catena auræ, ne peut pas cacher la préférence du sens mot à celui de raison. On le voit dans sa première citation de saint Augustin. Bien que le néothomisme, dans les traductions françaises de la Chaine d’or, se fera un devoir  en traduisant Verbo par Verbe au lieu de Mot, de vouloir privilégier le sens de raison. D’ailleurs le Prêcheur, dans sa lettre au pape Urbain IV pour présenter sa compilations des commentaires de l’Evangile introduit en disant : La source de la sagesse, le Verbe unique de Dieu qui habite au plus haut des cieux. Verbe unique de Dieu ne peut être que compris par Mot unique de Dieu plutôt que Raison unique de Dieu.

Dans l’introduction du prologue de saint Jean, l’on pourrait lire que ce Mot n’est pas seul, il est auprès du Père, il est de toute éternité avec le Saint-Esprit. L’on peut dire que le Père de toute éternité dans le passé n’a dit qu’un Mot, qu’il le dit maintenant et le dira dans toute éternité dans l’avenir, et ce Mot, c’est son Fils. Lorsque l’on dit que le Père engendre le Fils, cette génération peut être comprise par l’éternelle et perpétuelle prononciation de ce Mot par le Père. Estimer qu’avant la création, les personnes de la Sainte Trinité passèrent des siècles à tenir des raisonnements logiques, à discuter entre elles, ne correspond pas au sens des termes : In principio erat Verbo. S’il est vrai que la traduction : Au commencement était la Parole, peut-être correcte à deux titres, parce que parole peut aussi avoir un sens de mot unique, et que le terme araméen Miltha est au féminin, mais ce terme est ambigu car il fait pensé de nos jours à la discutions.

Faire le Mot

Certains penseront que ces deux distinctions d’un même mot sont futiles, ou n’ont qu’un intérêt de curiosité. A la parole de cette femme qui dit : Heureux le sein qui vous a porté… nous nous souvenons de la réponse du Seigneur : Quinimmo beati, qui audiunt verbum Dei et custodiunt illud. Lc 11,28, que nous traduisons : Plutôt heureux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent. Il serait plus opportun de donner à beati une dimention religieuse en le traduisant par bienheureux. Pour ce qui est de : audiunt verbum Dei, nous rentrerions dans une autre dimention en le traduisant par : écoute le Mot de Dieu. Les termes de : et custodiunt illud, traduit : et le garde, n’exprime pas vraiment custodium, car l’on peut imaginer que l’on garde un livre dans un tiroir. Le mot : custodio, a aussi une valeur de protéger et de défendre.

L’évangéliste saint Luc citera aussi : Mater mea et fratres mei hi sunt, qui verbum Dei audiunt et faciunt. Traduit par : Ma mère et mes frères sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique. Je pense que rien ne gênerait en esthétique et en compréhension que l’on traduise de manière plus littérale par : Ceux qui écoutent le Mot de Dieu et le font. C’est comme une invitation a incarner en nous le Verbe de Dieu. Le mot : facium est une conjugaison du verbe : facio, qui donne aussi : factum, utilisé dans le Prologue de saint : Et Verbum caro factum est. Si l’on compile ces deux versets l’on peut en donner donc deux traductions :

Heureux qui écoutent la parole de Dieu et la garde… et la mettent en pratique.
Bienheureux qui écoutent le Mot de Dieu, le protège… et le font.

Je pourrais citer aussi saint Jacques (Jac 1,22)

factores verbi, et non auditores tantum
mettez en pratique la parole, ne vous contentez pas de l’écouter
faites le Mot, ne vous contentez pas de l’écouter

Je suis très déçu de ne pas pouvoir vous faire partager sur ce sujet les merveilleux versets autant de l’Ancien que du Nouveau Testament, cela ferait un trop long texte. J’en donnerais un dernier portant sur le mot facio, il nous vient de saint Jean

Pour voir la force de ce mot facio, et ces dérivés je citerais le Seigneur : Jn 3,21

qui autem facit veritatem, venit ad lucem,
Mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière
Qui par contre fait la vérité, vient à la lumière.

Le Christ c’est le Verbe que nous devons faire, c’est aussi lui la vérité, que nous devons faire. L’obligation de facio, de faire, et une obligation d’acte. Saint jean nous le précise :

Filioli mei, non diligamus verbo neque lingua, sed opere et veritate :
Mes petits enfants, n’aimons pas en paroles ni avec la langue, mais par les actes et en vérité.
Mes petits enfants, n’aimons pas en mot, ni par langue, mais par acte et vérité.

Avant de conclure ce texte je ferais une dernière réflexion au sujet du seul mot parole, qui dans les traduction françaises de la Bible, traduisent trois mots latins : verbum, eloquium, sermo. Ou du mot assemblée, qui traduit les mots latins de : concilio, conventus, ecclesia, synagoga, qui sont en fait autant de réalités différentes.

Alors, verbum, c’est mot, ou raisonnement ? Pour certains, cette distinction ne sera que l’ordre d’une curiosité anecdotique, pour ma part je pense qu’elle exprime deux systèmes de pensée qui donneront ou une pensée opérative, ou une pensée spéculative. Nous nous trouvons en face d’une fracture commencée lors du dialogue entre le serpent et Adam. Une réalité doit-elle toujours être objet de discutions pour sa compréhension, ou certaines réalités doivent être accepté sans exigence de compréhension. L’on retrouve ces deux modes de pensés dans les actuelles neurosciences : dominance droite du concept et dominance gauche de l’intellect.

Si les églises chaldéenne, syriaques, arméniennes, coptes ont su toujours garder une harmonie en faisant prévaloir le concept sur l’intellect, je vois dans l’ecclésiologie que le premier millénaire fut marqué par les élites des églises grecques dirigées vers l’intellect, alors que celles des églises latines étaient plus conceptuelle. Le deuxième millénaire a vu un renversement de cette situation. Que le troisième millénaire qui montre les signes de la mort des églises latines, fasse en sorte que ces grains tombés en terre puissent redonner au centuple par la juste union des églises d’orient et d’occident. Le Soleil se lève toujours à l’est.

Après le regard jeté sur la traductions de mots de l’Ecriture sainte, je vais m’intéresser à la traduction de trois mots venant de la tradition et de la liturgie.

Orthodoxis

Pour comprendre la gravité du changement du sens orthodoxis, je vais prendre comme exemple les termes du canon de la messe que de toutes antiquité l’on disait après : Una cum famulo tuo pap nostro N, et Anstite nostro N, et Rege nostro N. Ces termes sont : et omnibus orthodoxis atque fidei catholicae et apostolicae culturibus. C’est traduit actuellement par : et tous ceux qui veillent fidèlement sur la foi catholique reçue des Apôtres. De cette traduction le mot très important : orthodoxis a été tout simplement supprimé au prétexte qu’en évoquant ceux qui veillent fidèlement, elle ne fait qu’évoquer les orthodoxes. Elle est exclusive, concernerait après le pape et l’évêque, que les seuls membres de la hiérarchie de l’Eglise. Mais sur le plan littéral, même sans connaître le latin l’on voit que cette traduction manque de mots. Un jeune collégien la traduirait ainsi : Et tous les orthodoxes, et tous les cultivateurs de la foi catholique et apostolique. C’est une formule plus inclusive, elle concerne tous les bons fidèles de l’Eglise.

Nous nous trouvons devant le mot : orthodoxis, en français : les orthodoxes, venant du mot orthodoxie. Il est admis par presque tous que ce mot signifie : ortho : droite et doxie : opinion, doctrine. Pour le dictionnaire Bailly : « doxa » veut dire « évaluation » dans les plus anciens textes grecs, et par extension, « réputation ». Mais pour le cardinal Ratzinger, maintenant pape émérite, dans un texte, à l’article : 5 Orthodoxie et orthopraxie, (troisième paragraphe) précise :

Dans le suffixe « doxia », « doxa » n’était pas compris au sens d ‘ »opinion » (opinion réelle). Du point de vue grec, les opinions sont toujours relatives; “Doxa” était plutôt compris dans son sens de “gloire, glorification”. Être orthodoxe signifiait donc connaître et pratiquer la bonne manière par laquelle Dieu veut être glorifié. Il fait référence au culte et, basé sur le culte, à la vie. 

Nous retrouvons ce terme de Doxa dans la doxologie en grec : Doxa patri kai huio kai hagio pneumati. Il est vrai que le sens de ce mot semble s’être perdu en Occident, mais il s’est conservé dans les langue slave : Pravoslavie. Pravo : vraie / Slavie : gloire. L’orthodoxie doit être entendue dans un sens restrictif pour l’Eglise : les règles, le culte qui va permettre de manifester la gloire de Dieu. C’est en somme une orthopraxie et qui correspond à l’antique piétas mettant le fidèle dans la juste place qu’on occupe dans la hiérarchie sociales et cosmique et donc des devoir qu’elle implique envers la famille, la collectivité civique et la divinité. Ce changement du sens de l’orthodoxie, conduira à la perte de la pietas des peuples occidentaux par les réformes liturgiques romaines du XXe siècle et provoquera les plus grands troubles psychologiques de peuples entiers que l’on vit dans l’histoire humaine.

Mais aussi dans un sens large pour l’individus : le fait de manifester sa gloire. Notre vraie gloire est celle que Dieu a mis en nous, c’est-à-dire la sienne. Car toute existence, celle du minéral, du végétal, de la bête et de l’homme est faite pour manifester la gloire de Dieu. Observons avec grande attention les paysages splendides, l’humble coquelicot, le majestueux chêne, le chat attendrissant tous tendent a exprimer la gloire, leur gloire, celle que Dieu a mis en eux, la gloire de Dieu lui-même.

Fides

Le deuxième mot sur lequel je vous invite à vous pencher, c’est Fides, foi, en français, ce mot latin a aussi donné fidelis : fidélité. Nous le retrouvons dans la formule liturgique précédemment citée : atque fidei catholicae et apostolicae culturibus. En hébreu le mot foi se dit imen, venant de la racine amn, ayant donné amen, ce qui signifie certitude, dans le premier mot a retenir sera certitude. Dans son dictionnaire de la Bible, Vigouroux commence à nous définir le terme foi de la sorte : vertu de la volonté qui fait tenir les promesses. Et par la suite il nous donne la définition scolastique de la foi : vertu surnaturelle au moyen de laquelle l’homme adhère, sans hésitation et sans crainte, aux vérités révélées par Dieu et proposées comme telles par l’Eglise. Mais l’on peut légitimement émettre le postulat que les apôtres qui rédigèrent les évangiles et épîtres, n’avaient pas lu saint Thomas d’Aquin, et donc utilisaient ce mot foi dans le sens qu’il était utilisé par leurs contemporains. Voici donc une définition de la fides romana :

conduite exprimant une disposition permanente de la volonté, la fidélité à ses obligations et spécialement à ses engagements… en les mettant sous la garantie de Jupiter Optimus Maximus, avec la certitude que cette conduite obtiendra des bénéfices.

Voir dans la foi, une simple adhésion à des vérités révélées, ne permet pas de saisir les paroles de : vas, ta foi t’a sauvé. Alors qu’en y voyant une vertu de fidélité à ses engagements, fera comprendre l’affirmation du Seigneur envers le centurion. Ce romain avait la certitude que la fidélité à son devoir allait lui apporté les bons auspices du Dieu d’Israël. La foi est une vertu, ce qui signifie une force, donc c’est une réalité dynamique et non statique comme le serait un simple dépôts de vérités.

En lisant saint Paul qui parfois met en parallèle foi et loi, je me suis trouvé en face d’incompréhension avec la définition scolastique de la foi. Alors qu’en donnant à ce mot le sens qu’il avait dans l’antiquité, ces propos de saint Paul me semblent plus clairs. Evidement la foi dont parle saint Paul n’est pas celle du Mos majorum des romains fondée sur Jupiter Optimus Maximus, presque pourrait-on dire la divinité suprême à Rome. Cette foi en Jésus dont parle saint Paul est précisée dans le canon de la messe : fidei catholicae et apostolicæ. Elle est : catholicæ, elle dépasse la dimension de Rome, et elle est : apostolicæ, elle peut conduire jusqu’à la mort, jusqu’au martyr, comme l’ont fait les apôtres à la suite de leur divin Maître. C’est dans le sens qu’elle repose sur Jésus Christ, qu’elle impose l’adhésion et connaissances des doctrines enseignées par son Corps mystique qu’est l’Eglise. En résumé, je donnerais comme définition de la foi évangélique :

Vertu naturelle qui donne la certitude, lorsqu’elle est fondée sur Jésus Dieu, qu’en accomplissant son devoir, Dieu exaucera nos demandes.

Je parle évidement de la foi évangélique, celle se trouvant dans l’évangile, celle que peut avoir le païen Centurion, ou l’hérétique lépreux samaritain. Je ne parle pas de la foi théologique, qui est une vertu théologale reposant sur l’adhésion à des vérités et exprimé dans l’acte de foi. Au sujet de cette foi, comme nous apprend la théologie, si l’on en nie un seul élément on perd la foi. Le pape Pie IX le précise à la fin de la constitution Ineffabilis Deus définissant le dogme de l’Immaculé conception :

Qu’il ne soit donc permis à qui que ce soit de contredire, par une audacieuse témérité, ce texte écrit de Notre déclaration, décision et définition ou bien d’y porter atteinte et de s’y opposer. Que si quelqu’un avait la hardiesse de l’entreprendre, qu’il sache qu’il encourrait le courroux du Dieu Tout-Puissant et de ses apôtres Pierre et Paul.

Catholicus

Il est admis de presque tous, que le mot catholique signifie : universel. Ce qui donne à ce mot une dimension presque uniquement spatiale. Il faut savoir que les mots orthodoxis et catholicus sont typiquement chrétiens, inventés par les chrétiens pour exprimer des réalités spécifiquement chrétiennes. Les premiers chrétiens possédaient le mot œcuménique, qui a un réel sens spatial, l’ensemble de la terre habité. S’ils ont forgé le mot catholicus, c’est qu’ils voulaient lui donner une dimension dépassant la spatialité. Les églises latines procédaient dans leur vocabulaire latin le mot : universalis, si elles ont adopté le mot grec catholicus, c’est que pour elles, il exprimait une autre réalité plus large. Je donnerais la définition de la catholicité par le dictionnaire de Diderot :

Certains objecterons que cette source leur laisse désirer plus de sérieux. A cela je citerais saint Vincent de Lérins, l’auteur ancien le plus cité par Bossuet, dans son Commonitorium : Il faut veiller avec le plus grand soin à tenir pour vrai ce qui a été cru partout, toujours et par tous. L’on peut dire que ce concept de catholicité est un rempart au relativisme qui cause le désordre dans la société et la vie des individus.

Conclusion

Sincèrement j’aimerais avoir tort. Car je suis inquiet de voir que les intellectuels des églises latines auraient pu modifier le sens des mots les plus essentiels à notre foi. Une tendance dans ces changement de sens tend vers le rationalisme.

Verbo : mot ou raisonnement ?
Orthodoxis : pratiques ou raisonnement ?
Fides : pratiques ou conception intellectuelles ?
Catholicus : dimension spatiales ou rempart au relativisme ?

Nous ne nous trouvons pas en face d’une simple querelle des universaux avec d’un coté Platon qui traduirait verbo par mot, et Aristote le traduirait par raisonnement. D’un coté l’essentialisme, et de l’autre l’existentialisme. Mes capacités intellectuelles en dessous de la moyenne ne me permettent pas de comprendre ces philosophes et ces concepts. Mais j’ai la certitude que le message du Christ s’adresse à tous même aux gens limités comme moi. La querelle des universaux doit porter sur le choix d’Adam, entre d’un coté l’obéissance au Seigneur et de l’autre le raisonnement avec le serpent. Ou même je dirais prima de la foi sur la raison ou prima de la raison sur la foi. Et c’est pour cette raison qu’avant toute discussion sur la crise dans l’Eglise, et dans le monde nous devons nous poser la question de savoir s’il y a eu réellement un changement dans le sens des mots : Verbo, orthodoxis, fides et catholicus.

Allons fonder la Nouvelle Cluny

Ce n’est pas la Cité de Dieu de saint Augustin, ni Utopia de Thomas More. Ca n’existe pas, peut-être que cela n’existera jamais. Ce n’est pas un lieu, ça pourrait en un, ou plusieurs. Pour l’instant c’est une réflexion de : qu’est-ce qui pourrait-être fait ?


Allons fonder la Nouvelle Cluny

on bien cher ami Didier, merci beaucoup de notre dernier échange. Tu m’as demandé si j’avais un site sur mes « théories intéressantes », je t’ai proposé de m’aider à les publier en me mettant des commentaires d’interrogations ou de doute. Tu m’a répondu : OK je fais le 1er public, ça roule.

Maintenant au crépuscule de ma vie, je suis comme Antoine de Saint Exupéry, dont je te conseille particulièrement de lire sa Lettre au général X, écrite un jour avant sa mort, ne se pose pour moi qu’un problème : que peut-on, que faut-il dire aux hommes ?

De quoi allons-nous parler, quel sujet allons-nous évoquer ? Le plus important, le plus urgent est d’allumer une lumière d’avenir, de donner un chemin pour avancer. Dans ce monde infesté de prophètes de malheurs, certains annoncent une catastrophe climatique, d’autres une catastrophe économique, d’autre la plus sombre des apocalypses. Les hommes politiques ont perdu la confiance du peuple, l’enrichissement des gens des arts les ont coupé de la réalité, les scandales dans l’Eglise lui on fait perdre sa crédibilité.

Souviens-toi cher Didier, dans les années 80 nous avions 20 ans, tous, quelques soit notre condition sociale ou nos études, nous avions la possibilité, d’être fous, de rêver à un avenir brillant. De nos jours, seuls 20% de jeunes semblent avoir ce privilège. Les autres même s’ils ne sont pas dans la déprime rares ceux qui rêvent de folie.

Pour eux, pour ta fille, tes neveux, les miens, ceux de mes amis, nous devons inventer une nouvelle histoire, une nouvelle fable qui puisse les faire rêver et même leur donner un certain grain de folie et une envie de se battre pour un avenir radieux. Peut-être certains seront intéressés, peut-être un seul, peut-être aucun. Peut-être que ce sera dans 10 ans, 20 ans qu’au hasard d’une recherche, un ou une trouvera mes recherches et les trouvera utiles. Mais pour eux je veux non pas essayer, mais je veux l’inventer cette fable.

Inventer, signifie, retrouver ce qui était perdu. Mes nombreuses années de recherches, dans la religion, dans l’histoire des peuples, l’observations de mes contemporains, et aussi en neurosciences m’ont permis de découvrir des principes de comportements biologiques pouvant conduire au bien être ou au mal être. J’observe un mal être dans notre société occidentale que je n’ai jamais observé dans l’histoire des autres peuples. Ce mal être est inhérent au mal qui fonde notre société. Ce mal vient de l’argent, plus précisément, cette capacité que les occidentaux ont de pouvoir créer à partir de rien de l’argent. De l’utiliser pour faire travailler des peuples et d’installer des armées sur toute la terre pour faire et défaire des régimes politiques qui ne lui convient pas. Le mal tu le voit dans la différence entre le jeune français qui peut s’acheter un jeans délavé tous les mois, bénéficier d’un service de santé gratuit au moindre bobo, et le jeune du Bangladesh qui fabrique ces jeans délavés, en utilisant des technique de sablage qui lui donneront en quelques années la maladie fatale de la silicose qui le feront mourir avant ses 30 ans.

Bien cher Didier : Que peut-on, que faut-il dire aux hommes ? Commencer par leur dire ce que nous savons, ce que nous avons vu sur le bien-être. Précédemment, dans un texte, je t’ai parlé du Mos majorem, des mœurs des anciens, qui fondaient la Rome antique et qui sous d’autres noms ont tenu toutes les cultures des peuples. Ces hauts faits des anciens, nous les avions tous proches de nous. Ton cher père, mon cher père. Ils avaient connu directement ou indirectement les horreurs des dernières guerres coloniales. Hivers 54, n’a pas été pour eux un film qui dura 1h42, mais une réalité qui dura des années. Ils ont connu les congés payé, mais ne partaient pas en été à la plage, ni en hivers à la neige. Les hommes de cette génération avaient vécu durement, n’ont pas eu besoin de cellules de soutient psychologique, ils ne se plaignaient pas. Il aurait était impensable d’en voir un en état de dépression. Ils avaient cette Mos majorem qui avait permis pendant des siècles à leur ancêtres de connaître parfois guerre, épidémies, famine et de reconstruire toujours parfois sur des cendres.

Nous, ceux de notre génération, avons connu, car nous l’avons vu sur nos pères la Mos majorem. Mais nous n’avons pas pu la pratiquer, et pour certains d’entre nous, pour ceux qui ont voulu la pratiquer, ils se sont trouvé parfois en état de dépression.

Que peut-on, que faut-il dire aux hommes ? Et bien de dire, de témoigner, que nous les avons vu ces héros des temps anciens, c’étaient nos pères. D’entretenir leur mémoire. Car peut-être qu’il existe, j’en sais rien, ou existera, c’est possible, des jeunes qui seront épris d’héroïsme et de combat pour un monde meilleur. Je ne propose pas une nouvelle spiritualité, mais une antique discipline, faisant des hommes des cultivateurs des forces qu’ils possèdent au plus profond d’eux-mêmes. Cette discipline ne dois pas être une thérapie préventive ou curative de troubles phycologiques, mais simplement une discipline pour les gens qui vont bien, et leur permettraient de continuer à l’être en cas de catastrophe.

Aux rumeurs de catastrophes avenirs, certains manuels survivantistes foisonnent sur le Web, nous expliquant combien de boites de sardines l’on doit stoker dans sa cave. A nous de rédiger le manuel de l’art de vie et du bien être afin d’être satisfait en toutes circonstances.

Cette discipline, il faut qu’elle soit accessible au plus grand nombre d’individus. Qu’il soit isolé dans un centre ville déshumanisé, que ce soit une famille, un groupe d’ami ou même un peuple. Pour s’y retrouver, il est utile d’un lieu commun. Lieu réel, ou sur le Web, unique ou multiple. Je propose de retrouver et de refonder ce lieu, une merveilleuse cité perdue : Cluny. C’est pour cela que le titre de cet article est : Allons fonder la Nouvelle Cluny !

L’ancienne Cluny perdura plusieurs siècles, mais fut détruite par les moralistes. Mais ce monde des moralistes de nos jours se détruit lui-même. Redonnons à Cluny la place qui lui est due. Allons fonder la Nouvelle Cluny !

Cluny dépassait les langues, les cultures, les nations. Ses abbayes et prieurés se rependaient en pays latins, celtes, angles, saxons, germains, salve. Ses infirmeries monastiques furent les premiers hôpitaux, ses écoles enseignaient les arts libéraux, qui rendent libre l’homme : arithmétique, astronomie, musique… Cluny c’est la paix, c’est elle qui propagea la Trêve de Dieu.

Vois-tu cher Didier, dans toute belle fable il faut des gentils et des méchants. Comme dans les premiers épisodes de la Guerre des étoiles, les gentils étaient en blanc et les méchants étaient en noir. Pour éviter de vaines polémiques, je ne prendrais pas comme méchants les juifs, les musulmans, les protestants, les francs-massons. Dans notre fable, si les gentils sont les clunisiens en noir, les méchants seront les cisterciens en blanc. En faisant jouer aux moines de Cîteaux le rôle de méchants, je ne prends pas beaucoup de risque, en tant que chrétiens ils se doivent de me pardonner. Et tous seront d’accord pour dire que de toutes les fables qui furent composés, les cisterciens sont incontestablement les méchants les plus gentils. Ce que j’écriais sur eux ne devra donc pas être pris à la lettre, mais comme caricature exagérée de certains de leurs actes, habitudes et conceptions. Et pour la simplification du récit, je les chargerais même d’erreurs actuelles qu’ils n’ont pas commis à l’époque. Que Saint Bernard, du haut du ciel, dans sa bonté me pardonne.

Cette fondation de la Nouvelle Cluny est une aventure, qui peut se définir de la sorte : on ne sait pas comment on va la faire, ni comment elle sera à la fin, mais on va la faire ! Mais pour la faire, il va falloir faire l’état des lieux de notre époque, évoquer les différents scénarios catastrophe, voir les origines historiques, évaluer les différentes solutions. Je ne suis qu’un somnambule qui marche dans la nuit. Je ne prétend pas connaître toutes les réalités des choses, hormis celles transmises par la catholicité. Aux imprécisions, fautes et erreurs que je ferais, j’invite le lecteur de s’armer de sa charité afin de me corriger dans les commentaires qu’il pourra poster en bas de l’article, afin que je puisse le cas échéant modifier cet article. le principal n’est pas ce que j’ai écrit, le principal c’est la vérité.

Alors…

Allons fonder la Nouvelle Cluny !!!