Anthropopraxie

Introduction

Au XIe siècle, dans les églises latines avec Pierre Abélard, naissait un style littéraire et un corpus d’écrits appelaient du nom de théologie, qui culmina avec saint Thomas d’Aquin. Ces exercices intellectuels permirent de concilier les écrits des philosophes grecs avec la foi chrétienne. Les neurosciences actuelles remettent en cause cette démarche. Elles montrent qu’il n’y a pas de Raison, mais qu’il a des rationalités individuelles conditionnées par des automatismes biochimiques.

Dans une démarche similaire, l’anthropopraxie, est un mélange de réflexions du frère Jérôme sur le fonctionnement de l’humain orienté vers sa finalité qui est de faire la volonté de Dieu. Pour cela je prends comme fondement de mes réflexions l’Ecriture sainte, la Tradition et la liturgie. J’utilise ce fondement pour éclairer mes connaissances de l’histoire de l’humanité, mon expérience personnel, celles de mes proches et les dernières données des neurosciences sur le fonctionnement du vivant.

Mon premier désir fut que mes recherches ne soient pas de simples objets de plaisirs intellectuels pour intellectuels comme j’ai vu plusieurs disciplines enseignées en milieux ecclésiaux. Si la théologie s’élève vers Dieu pour le connaitre, j’ai pensé plus utile pour connaître le Créateur de m’abaisser vers la nature humaine dans ce qu’elle a de plus mystérieux : sa douleur. L’approche de la souffrance humaine, n’est pas une finalité en elle-même, elle doit nous permettre de nous conduire au bien être. Ce bien-être ou cet être bien, je l’exprimerais par cette racine hébraïque slm, voulant dire aussi entièreté, qui donna shalom, shlama, salam et même je pense salut. Ainsi c’est mon salut personnel, et celui de ceux que j’aime qui est le moteur de mes études.

Il me semble que cette recherche du salut commence à Eden avec le choix entre le primat du bien penser, de la liberté de raisonner et celle du bien faire, de la fidélité au devoir. J’appelle cela la foi. Le primat de la rationalité, par son caractère subjectif et individuel ne permet pas le vrai bien-être. Le primat de la foi, dans le sens qu’il se trouve dans l’évangile, foi du païen Centurion, de l’hérétique samaritain lépreux par son caractère catholique : partout, toujours et pour tous libère l’homme de la subjectivité et lui permet le bien-être.

Evidements toute réflexion a un caractère subjectif. L’on pourra me reprocher que j’oriente l’anthropopraxie selon mon attachement à la forme antique du rite romain. Je m’approche du neuroscientisme affirmant que l’homme n’agit que par automatismes. Comme le précise saint Paul nous n’agissons pas par volonté, c’est-à-dire par notre intellect. Je me distingue du neuroscientisme par l’affirmation que la piété donne à l’homme des automatismes lui permettant une certaine liberté et un réel bien-être.

Principales réalités humaines

La théologie nous montre une dualité dans l’homme : esprit et corps. Pour ma part je recherche dans la Bible les différentes réalités de l’homme : esprit, âme, cœur, intelect, vertu, corps.

Vertu

Et si justitiam quis diligit, labores hujus magnas habent virtutes : sobrietatem enim et prudentiam docet, et justitiam, et virtutem, quibus utilius nihil est in vita hominibus. Sg 8,7.
Et si quelqu’un aime la justice, les grandes vertus sont son ouvrage: car c’est elle qui enseigne la tempérance, et la prudence, et la justice, et la force, qui sont les choses les plus utiles à l’homme dans cette vie.

En français l’on utilise le seul mot force, pour traduire les termes de fortitudo et de vitus. Pour ma part je préfère utiliser le mot force pour fortitudo et le mot vertu pour virtus. Par son éthymologie, vir, homme, l’on peut dire que la vertu est une force viril.

cœur – âme – vertu

Diliges Dominum Deum tuum in toto corde tuo, et ex tota anima tua, et ex omni virtute tua. Mt 22,37
Tu aimera ton Seigneur Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ta vertu.

esprit – âme – corps

Ipse autem Deus pacis sanctificet vos per omnia : ut integer spiritus vester, et anima, et corpus sine querela in adventu Domini nostri Jesu Christi servetur. 1Th 5,23
Que le Dieu de paix vous sanctifie lui-même tout entiers, et que tout votre être : l’esprit, l’âme et le corps, soit conservé irréprochable, lors de l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ !

Vivus est enim sermo Dei, et efficax et penetrabilior omni gladio ancipiti : et pertingens usque ad divisionem animæ ac spiritus : compagum quoque ac medullarum, et discretor cogitationum et intentionum cordis. He 4,12
Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur.

Environnement

Cette réalité n’est pas nommée explicitement par la Bible. Mais le bon sens nous fait savoir que l’homme dépend de la réalité de son environnement spirituel, social et matériel. L’environnement spirituel comprend les esprits bienheureux, les anges et les démons. Le social correspond avec les autres humains avec qui il est en interaction. Le matériel, va de son apport génétique, à sa nourriture et à son milieu de vie.

Automatismes des êtres visibles et invisibles

Deux expériences m’ont particulièrement interessé celle d’Henri Laborit et celle de Zimbardo en 1971. La première montre avec des rats les automatismes biochimiques des individus vivants fondé sur la fuite de la douleur. La deuxième montre avec des étudiants de Stanford des automatismes des sociétés humaines conduisant aussi à la douleur. Je vois dans le choix d’Adam et Eve à Eden la clé de compréhension du fonctionement des êtres visibles et invisibles. Des paroles tirée de la Vetus latina me firent voir un important mouvement vers la mort dans la Création : Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, n’en mange pas, car le jour même où tu en mangeras, tu mourras de mort. Gn 2-17. Cette mise à mort s’exprime par un des premiers actes de l’humanité lorsque Caïn tua son frère Abel.

Mais je sais que Dieu est infiniment bon et que le fonctionnement des êtres visibles et invisibles ne peut se fonder que sur la mort. C’est dans la patrologie que j’ai trouvé une nouvelle clé sur ce fonctionnement. La Didaché commence par : Il y a deux chemins : l’un de la vie, l’autre de la mort.

Pour approcher la crise de la société occidentale, celle de l’Eglise, celle de la famille catholique européenne, j’ai donc retenu ce que je pense être le premier mécanisme de fonctionnement. Qui s’élève sera humilier, qui s’humilie sera élevé. Que l’on pourrait ainsi résumer : Dieu fait le Ciel et la Terre, pour cela il s’est humilier. Pour se faire homme aussi il s’est humilier. L’homme se doit de faire Dieu. Pour cela il a la voie de la vie ou en s’humiliant il fait Dieu, ou la voix de la mort ou en s’élevant il meurs de mort. Pour s’humilier il se doit de toujours tendre la main à plus malheureux que lui.

Author

Frère Jérôme

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