Fin du brigandage ?

Chère Madame,

Votre serviteur fait parti des fidèles lecteurs de votre blog. Vos publications sont toujours d’une grande utilité et fiabilité. Dans ce message je vais me permettre d’évoquer un de vos articles intitulé : Le commencement de la fin, paru sur l’excellent journal, Monde et Vie.

Votre article évoque une fin avenir et beaucoup d’observateurs ressentent cette analyse. Depuis un certain temps, fort d’une grande espérance qui se doit au chrétien,  j’évalue une crise majeur à venir. Mon soucis est de me dire, lorsque ce jour arrivera : que devra-t-on dire aux fidèles pour qu’ils ne tombent pas dans une grande déprime et de terribles souffrances ?  Nous sommes à la fin d’un cycle, et en devoir de penser que ce cycle ne peut être ni celui de l’Eglise, ni même celui de la papauté. Dieu par sa sainte Eglise ne peut ni se tromper ni nous tromper. Mais en voyant l’actuel fonctionnement des églises latines l’on est en droit de se demander si à un moment de notre histoire nous ne nous sommes pas trompé. Certains choix du pontife romain, que vous évoquez sur votre blog, de laisser parler et agir certains prélats et d’en faire taire d’autres, sont de pleins actes d’autorité et l’on peut même dire des actes du Magistère romain. Cela dépasse en gravité la crise arienne du IVe siècle. Cette situation serait impensable dans les patriarcats des Russes, Grecs, Coptes, Syriaques, Chaldéens et des Arméniens. Mais il fut un temps où cette situation aurait été impensable dans les églises latines. Des évêques se seraient levé pour protester.

Biais cognitif

Il semblerait que tout soit fait pour qu’aucun évêque ou prêtre en charge pastorale ne se lève pour parler. Il y a un réel biais cognitif pour tout ce qui porte sur la papauté. Nous trouvons dans un message du Forum Catholique, un texte de Mgr Athanasius Schneider qui parle de son attitude envers le Concile Vatican II :

« C’était pour moi une sorte d’ «infallibilisation» inconsciente et totale du Concile (inconsciemment, pas sur le plan théorique) et de toutes les déclarations des papes. J’étais mal à l’aise quand j’entendais des critiques et je n’aimais pas suivre ou étudier ces critiques parce que j’avais peur d’être entraîné dans une direction qui aurait été infidèle à l’Église et contraire à ma dévotion envers le pape. Instinctivement, je réprimais tout argument raisonnable qui aurait pu être l’ombre d’une critique des textes conciliaires.

« À présent, je réalise que j’avais comme « éteint » ma raison ; en effet, une telle attitude n’est pas saine et va à l’encontre de la Tradition de l’Église, comme nous le constatons chez les Pères, les Docteurs et les grands théologiens de l’Église au cours des deux mille ans passés. » (p.116-117)

Les catholiques attachés à la Tradition, victimes de cette situation, font une grave erreur de penser que ce désordre de la pensée occidentale vienne de la deuxième moitié du XXe siècle. L’on peut dire qu’eux aussi furent artisans de ce désordre et firent des victimes au sein de l’Eglise.

Dernièrement dans une lettre commune, le Cardinal Raymond Burke et Monseigneur Athanasius Schneider du 23 septembre 2019 s’étonnent :

il semble qu’il n’y ait plus la possibilité d’un honnête débat théologique et intellectuel, et de l’expression des doutes concernant des affirmations et des pratiques qui obscurcissent et blessent l’intégrité du dépôt de la Foi et de la Tradition apostolique. Une telle situation conduit au mépris de la raison et donc, de la vérité.

Une bonne approche de cette situation pourra se faire en relisant : Les principes formels du christianisme dans le débat œcuménique, du cardinal Ratzinger dans : Les principes de la théologie catholique. Si celui qui sera le futur pape Benoît XVI consacre un tiers de son ouvrage pour parler du débat œcuménique ce n’est pas pour nous louer les vertus du dialogue œcuménique mais pour nous expliquer les fondement de l’Eglise. Au premier millénaire de son histoire les églises d’occident et d’orient sont unies dans leur conception de la vérité reposant sur la catholicité dans le sens de Saint Vincent de Lérins, non pas dans l’unique sens spatiale, universel, mais partout, tout le temps et pour tous. Il semble que nous ayons perdu le sens de beaucoup de mots, dont celui de catholicité. Au deuxième millénaire de leur histoire les églises d’orient continueront de garder le même fondement de la vérité, alors que les églises d’occident la feront reposé de plus en plus sur un seul homme : le pape. Les orientaux ont gardé l’antique conception d’Eglise vu comme sacrement, alors que les occidentaux lui donnent une vision de structure juridique. Dans ce texte il semble que le cardinal Ratzinger se mette dans une attitude d’expectative : attente prudente qui consiste à ne pas prendre parti, en attendant une solution. Il ne condamne pas la position des orientaux et ne déclare pas que celle des occidentaux soit la vraie.

Là où paraît l’évêque… là est l’Église catholique

Personnellement je pense que la réelle fracture entre l’occident chrétien et l’orient chrétien se fait lors de la dernière réforme liturgique du XXe siècle. Cette situation est causée par une fracture datant de bien plus longtemps au sein même des églises latines lors de la controverse des cisterciens contre les clunisiens. Un autre élément de la crise actuelle vient de la suppression du clergé séculier mineur. Saint François de Salle dès ses premières années de pontificat tonsura mille jeunes hommes par an et ordonna prêtres en moyenne cent par an. L’on prétend que ces jeunes se faisaient tonsurer pour toucher des bénéfices et échapper à la justice civile. Une simple réflexion permet de voir le ridicule de cette affirmation. Dans l’Ancienne alliance, un douzième de la population constitué la tribu de Lévis ayant pour mission de soutenir les prêtres. Le clergé séculier mineur permettait un apport important de la plèbe au fonctionnement de l’Eglise. Nous le voyons encore dans certaines églises orientales. Un grand effort fut fait après le concile de Trente pour supprimer cette composante. Bien que ces éléments sont importants à connaitre pour la compréhension de la crise actuelle je ne les développerais pas et préfère passer au fondement de l’église défini par saint Ignace d’Antioche : Là où paraît l’évêque… là est l’Église catholique.

Il fut un temps où pour me présenter en tant que catholique, j’aurai dit être sujet de l’église de Tulle, ou je suis né, et résident dans l’église de Moulins, où j’habite. Maintenant je me contente de dire que je suis de l’église romaine. Les églises particulières de Tulle et Moulins semblent avoir disparues. Le curé de la paroisse où j’assiste à la messe, comme tous les bons curés, cite rarement son ordinaire du lieu, mais presque toujours le pape. Je suis dans un diocèse qui en quelques décennies a connu plusieurs pontifes. L’évêque semble de nos jours un haut fonctionnaire affecté par d’obscurs mécanismes nationaux ou romains au nom du pape. Son inamovibilité de père de son église lui donnait la liberté de parler. Maintenant, comme une épée de Damocles il sait que sans que soit donné la moindre raison, une décision de congrégation romaine pourra lui ôter sa charge. Pourtant Saint Ignace d’Antioche, est clair :

« Suivez tous l’évêque, comme Jésus-Christ suit son Père, et le presbyterium comme les Apôtres ; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse, en dehors de l’évêque, rien de ce qui regarde l’Église. Que cette eucharistie seule soit regardée comme légitime, qui se fait sous la présidence de l’évêque ou de celui qu’il en aura chargé. Là où paraît l’évêque, que là soit la communauté, de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique. Il n’est pas permis en dehors de l’évêque ni de baptiser, ni de faire l’agape, mais tout ce qu’il approuve, cela est agréable à Dieu aussi. Ainsi tout ce qui se fait sera sûr et légitime.
Lettre aux Smyrniotes, VIII

Cette donnée ecclésiologique était même inscrite dans le fonctionnement de la société civile. Pendant au moins huit siècles, de Louis le Bègue à Louis XIII, lors de leur sacre les rois de France vont s’engager sur un privilegium canonicum, non celui de l’Eglise de France mais celui de chaque évêque et église de son royaume :

Je vous promets et octroie qu’à chacun d’entre vous et aux églises à vous soumises je conserverai le privilège canonique, la loi due et la justice, et que, dans la mesure où je le pourrai, avec l’aide de Dieu, je vous assurerai la défense, comme roi en son royaume le doit faire par droit à chaque évêque et à l’église à lui soumise.

Inconsciemment les rois de France ont préféré se parjurer en favorisant le centralisme romain sur la défense de leurs églises particulières. Ceci pouvait permettre un centralisme et absolutisme de leur pouvoir civil. Si l’absolutisme fut l’ennemi qui fit tomber la royauté française au XVIIIe siècle, il ne pourra pas faire de même à la papauté au XXIe siècle, mais il pourra lui causer des problèmes.

Pour comprendre cette situation il faut revenir avant le concordat de Bologne, la tradition par des élections,  permettait à chaque église de se choisir son évêque. Mais même nommés par le roi, les évêques gardèrent une liberté d’expression et d’action pour le ministère de leur diocèse. Il fallut attendre intrusion des jésuites dans la société civile pour voir se détruire les fondements de l’église et de la société. A partir des Bourbons, en prenant la direction du for interne des rois, les jésuites, par leurs fonctions de confesseurs, purent imposer leur néfaste conception du monde.

Il est certain qu’à partir du début du XVIIIe siècle, même les évêques perdirent : la possibilité d’un honnête débat théologique et intellectuel, et de l’expression des doutes concernant des affirmations et des pratiques qui obscurcissent et blessent l’intégrité du dépôt de la Foi et de la Tradition apostolique. 

Terreur ultramontaine et responsabilité dans la Révolution 

Au Concile de Trente qui donne la définition exhaustive de la foi catholique, et qui est aussi acceptée par les orientaux, à aucun moment ne fut évoquer l’infaillibilité pontificale. Certes elle faisait débat, mais la contester ne valait pas l’anathème. Ce fut à la suite de la publication de la bulle papale Unegenitus. Cet acte du Magistère fut contesté par plusieurs évêques français et l’on peut considérer qu’il s’agit là du premier grand mouvement d’opinion publique en France. Mgr Pierre de Langle, évêque de Boulogne-sur-Mer, écrit en juin 1714, à Mgr Noailles, archevêque de Paris : « Pour moi, j’ai plus de la moitié de mon diocèse, en Artois, où les peuples, non plus que les ecclésiastiques, n’ont point d’autre religion que de croire le pape infaillible et de respecter comme des oracles toutes les décisions qui viennent des tribunaux romains.

C’est une véritable terreur intellectuelle qui s’était instauré contre ceux que l’on désigne du nom de jansénistes, qu’eux-même refusaient. J’ai eu comme beaucoup de bons catholiques eu un biais cognitif dans l’étude de Port Royal qui conduisit, déjà bien avant la proclamation de la bulle papale, jusqu’à destruction des murs de cette abbaye. J’estimais que ces actions contre la liberté de conscience de ces religieuses étaient justifiées. Aucun sentiment d’empathie, de compassion devant la souffrance de ces femmes qui avaient comme seul crime celui défendre une position que l’on retrouve dans l’oraison de collecte du premier dimanche de l’Avant : Réveillez votre puissance, Seigneur et venez, pour que, dans le grand péril où nous sommes à cause de nos péchés, nous puissions trouver en vous le défenseur qui nous délivre et le libérateur qui nous sauve. Lorsqu’on lit les thèses condamnées par bulle Unegenitus, l’on se dit que la logique voudrait que soit condamné une partie de la liturgie romaine.

Cette terreur

En août 1720, l’évêque Mgr Pierre de Langle effectuant une visite dans la paroisse de Quernes est accueilli par une centaine de femmes armées de pierres, de bâtons et de fourches qui l’insultent et l’empêchent de rentrer dans l’église. Outre l’aumônier de l’évêque, plusieurs personnes de l’entourage du prélat sont blessées. En novembre 1720, les membres de la délégation de la paroisse de Quernes venus solliciter le pardon du prélat avouent qu’ils ont été manipulés par des ecclésiastiques antijansénistes du diocèse de Saint-Omer : « Ils nous ont répondu avec beaucoup de candeur et de simplicité que c’étaient les Jésuites et les Capucins de la ville d’Aire, aussi bien que les frères quêteurs qui viennent dans leur paroisse.
il y a les Carmes, les Capucins, les Frères des Écoles Chrétiennes, les Jésuites, les Minimes et les Récollets. La carte démontre qu’à proximité de chaque acte de violence se trouve un couvent, une maison où un collège d’une de ces communautés.
dans les paroisses artésiennes où les curés jansénistes sont contestés.
Il fait une étape à l’abbaye des Prémontrés de Saint-Augustin-lès-Thérouanne. Le 21 août, le prélat accompagné de quelques ecclésiastiques quitte, vers huit heures du matin, ses amis prémontrés pour se rendre, la matinée, dans la paroisse de Quernes et l’après-midi dans celle de Rely. Comme l’exige l’usage, le curé et les habitants ont été avertis de la visite épiscopale plusieurs jours avant. En approchant du village, l’évêque aperçoit un attroupement de femmes et d’enfants [21]. Quelle n’est pas la surprise du prélat lorsqu’en arrivant il voit une centaine de femmes et de filles « armez de pierres, de bâtons et de fourches, qui nous attendaient pour nous empêcher l’entrée de l’église et insulter à nôtre personne même » [22] ? L’évêque continue sa progression et tente de dialoguer avec le groupe de femmes mécontentes « espérant les pouvoir calmer en leur parlant avec douceur et avec charité ». Très vite, les reproches fusent envers le prélat et ses partisans : « Il ne nous a pas été possible d’arrêter leur furie, elles nous ont dit d’abord qu’on leur avait envoyé un curé, gueux, parpaillot, hérétique, damné et janséniste, et les ayant assuré du contraire, une d’elles nous a répondu que nous l’étions nous-mêmes » [23]. L’escalade verbale se mue en agression physique. Pierre de Langle en décrit les moindres détails : « Sur quoi s’animant les unes les autres, elles se sont mis en état de nous assommer à coups de pierres, et l’auraient en effet exécuté, si ceux qui nous accompagnaient ne les eussent pas empêché d’approcher, plusieurs occupaient le cimetière d’où elles jetaient continuellement contre nous de grosses pierres qu’elles détachaient des murs dudit cimetière, en proférant les jurements et les injures les plus atroces sans crainte de Dieu, sans respect pour nôtre caractère » [24]. L’aumônier de l’évêque reçoit plusieurs projectiles. L’évêque bat en retraite mais est poursuivi sur près de quatre kilomètres, jusqu’au village voisin de Blessy, situé dans le diocèse de Saint-Omer, en subissant des jets de pierres et des coups de bâton : « Nous avons pris le parti de nous retirer de peur de plus grands désordres ; mais la fureur de ces femmes n’étant pas assouvie, elles ont commencé à nous poursuivre hors de la paroisse à grands coups de pierres et de bâtons […]. Il ne s’est jamais vu une fureur et un acharnement pareil à celui de ces femmes » [25]. Outre l’aumônier, plusieurs personnes de l’entourage du prélat sont blessées [26]. Pierre de Langle sort miraculeusement indemne de cette embuscade. En sécurité dans la paroisse de Blessy, il renonce à visiter celle de Rely : « où nous savons que les paroissiens s’étaient aussi révoltés contre leur curé, sous le prétexte qu’il était janséniste ; mais ayant su qu’on nous y attendait avec les mêmes dispositions, nous sommes revenus vers le midi dans l’abbaye dont nous étions partis » [27]. Les conséquences de cet « attentat » de Quernes, ont pour effet de multiplier les actes d’hostilité envers les prêtres jansénistes. Pierre de Langle en fait part à Louail : « Jusqu’à présent tous ces maux sont demeurés sans remède et sans punitions ; de sorte que cela fait un mal étonnant dans tout l’Artois. On n’y veut plus recevoir de curés de ma main » [28]. La Gazette de Hollande corrobore ces événements et profite de l’occasion pour insister sur le recul du parti janséniste en Artois [29]En septembre 1720, les curés de Quernes et de Rely sont, de nouveau, expulsés par les paroissiens. Le périodique antijanséniste précise : « Les curés de Quernes et de Rely ont été absolument bannis par leurs paroissiens et leurs maisons rendus inhabitables » [30]. En novembre 1720, le prêtre Boucher, ancien curé expulsé d’Herly est chassé des églises de Saint-Pol-sur-Ternoise et de Ramecourt. Les Sœurs noires lui refusent l’entrée de leur couvent [31] et les habitants de Ramecourt l’empêchent de célébrer l’office [32]. De mai à août 1721, Michel Jollain curé de Renty subit plusieurs mesures vexatoires de la part de ses paroissiens et de clercs antijansénistes. Dans une lettre du 21 août 1721, Michel Jollain décrit ces incidents [33]. L’opposition est menée par le lieutenant de la localité et sa femme. Un jour devant la porte de l’église, le lieutenant menace Jollain, le traite d’excommunié et lui annonce qu’il le chassera rapidement de Renty. Un autre jour, la femme du lieutenant l’interrompt pendant le prône et lui demande de quitter la paroisse. Comme le curé persiste à rester, des adolescents bloquent la porte de l’église et empêchent le curé d’en sortir. À plusieurs reprises, portes et fenêtres du presbytère sont fracturées. On lui dérobe sa réserve de bois et on tue ses volailles. Devant le danger qui grandit, onze archers de la maréchaussée viennent le protéger. Jollain dépose une plainte au bailliage de Saint-Omer. À son retour, il a la désagréable surprise de trouver son presbytère saccagé. Le lieutenant est condamné à 1500 livres d’amende. Jollain ajoute dans sa lettre : « Nos P. P. Récollets de Renty, seraient fâchés qu’on approfondit toute l’intrigue de cette affaire » [34]. De mai à octobre 1721, plusieurs incidents ont lieu à Saint-Pol-sur-Ternoise, où les deux curés sont bousculés par les paroissiennes à plusieurs reprises. En 1721, Pierre de Langle est fatigué et songe à se démettre de son évêché, d’autant plus que les difficultés avec les paroissiens de Calais et de l’Artois amplifient [35]. En 1723, l’assemblée provinciale de Reims, avec l’appui de la cour, cherche à obtenir la déposition de Pierre de Langle. Une nouvelle vague de violence éclate en 1723 en Artois. En juin et juillet 1723, le curé de Dohem est plusieurs fois pris à parti par le bailli et les paroissiens [36]. En octobre de la même année, le prélat est reçu sans violence mais avec une certaine animosité par les paroissiens et le Magistrat de Saint-Pol-sur-Ternoise [37]. En avril 1724, Pierre de Langle décède. Plusieurs ecclésiastiques jansénistes quittent le diocèse. Nous entrons dans une période de répression.
En 1747, Pierre Friocourt fut exilé de sa paroisse et emprisonné. Il resta incarcéré dans plusieurs couvents jusqu’à sa mort en 1754. Son évêque, Mgr de Partz de Pressy avait donné des ordres très précis : On ne [devait] ni le confesser ni le communier, ni même le laisser chanter au Lutrin. De plus, ce prélat donna ordre de : refuser les Sacremens à M. Friocourt en cas de mort. Gravement malade, Pierre Friocourt demanda, en 1754, à l’évêque un confesseur. Le prélat donna : ordre au Prieur de l’enterrer en cas de mort sans cérémonies, ni prières. Le dimanche 22 septembre 1754. Il mourut privé des derniers sacrement.
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En 1746, Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, décide que les fidèles doivent pouvoir justifier d’un billet de confession signé d’un prêtre favorable à la bulle Unigenitus pour recevoir la communion ou les derniers sacrements.

Suite à l’affaire de la bulle Unigenitus,

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Cette situation a été possible à partir du concile Vatican I :

Les pasteurs de tout rang et de tout rite et les fidèles, chacun séparément ou tous ensemble, sont tenus au devoir de subordination hiérarchique et de vraie obéissance, non seulement dans les questions qui concernent la foi et les mœurs, mais aussi dans celles qui touchent à la discipline et au gouvernement de l’Église répandue dans le monde entier. Pastor Æternus, chapitre 3

En lisant Les principes de la théologie catholique, je ne pense pas que le cardinal Joseph Ratzinger croyait à cette définition. Et en voyant agir, Sa Sainteté le pape François, je ne crois pas que lui même y crois. La frayeur vous prend que je puisse remettre en cause le Premier concile du Vatican. Votre charité de pasteur vous fait craindre pour le salut de mon âme. Pourtant Sa Sainteté le pape Benoît XVI dans l’ouvrage précédemment cité :

La situation de l’Eglise est modifiée quand un Concile qui semblait valide est, après un certain temps, définitivement et universellement considéré comme « brigandage » et exclu de l’histoire narrative de la foi.
Principes de la théologie catholique, Page 237, Téqui, 1985.

s, mes dubia sur le fait que Pastor Æternus est un cheval de Troie, farouchement défendu par les Catholiques conservateurs et dans lequel se cachent les libéraux qui s’en servent pour détruire la sainte Eglise.

Manteau de Noé

En cas de scandale de l’autorité il y a plusieurs attitudes a avoir. Celle de la dénonciation, est légitime, mais parfois en montrant le péché on peut arriver à deux résultats opposés : le doute chez les petits ou même la banalisation de ce péché. Il y a aussi l’attitude qui nous est dicté par l’Ecriture sainte, lorsque se causa le premier scandale d’autorité

Ultramontains

Si l’on voit dans les philosophes des lumières les précurseurs de la Révolution française, il faut se demander ce qui a permis qu’autant d’esprits brillants aient pu être perverti en milieu et société catholique. Ce n’est pas tant que ce furent les jésuites et autres congrégations ultramontaines qui les formèrent dans leur établissements scolaire mais c’est que toute la société du roi, de la noblesse, de la bourgeoisie et au peuple qui avaient été perverti par ces mêmes congrégations.

Ainsi ce même mécanisme ayant détruit les églises de France, la royauté de France est en train de détruire l’église de Rome.

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Fort du décret de la Faculté de théologie de Paris en 1554, Pasquier entend « avecq toute seurté de [sa] conscience combattre en camp clos, ce monstre, qui, pour n’estre ny seculier, ny regulier, estoit tous les deux ensemble, et partant introduisoit dedans nostre Église un ordre hermaphrodite »2.

Moralisme

Moralisme

 

Je commencerais à donner particulièrement raison au pape François lorsqu’il reproche la fixation morale exclusive du sixième commandement. l’on ne nous enseigne plus les vertus comme grandes forces de l’homme. L’Ecriture sainte nous enseigne :

Et si quelqu’un aime la justice, les grandes forces sont son ouvrage: car c’est elle qui enseigne : la tempérance, et la prudence, et la justice, et la force, qui sont les choses les plus utiles à l’homme dans cette vie. Sg 8,7.

Pour avoir ces forces morales qui conduisent à l’authentique charité, il faut l’amour de la justice, pour avoir cet amour il faut aussi avoir celui de la vérité. Par la Ciase instaurée par les évêques de France, force est de constater que les églises latines ont perdu le sens du droit et de la justice.

Utilité des conciles

De l’utilité des conciles

e cardinal Joseph Ratzinger, dans son ouvrage : Principes de la théologie catholique,  en évoquent le débat œcuménique, constate qu’il n’y a pas eu de changement de doctrine chez les orientaux. Mais, par la primauté papale, les occidentaux bénéficient d’une évolution de discipline, de fonctionnement et même doctrinale. Il disserte pour savoir si une unité pourrait se faire. Il évoque un retour en arrière en disant :

La situation de l’Eglise est modifiée quand un Concile qui semblait valide est, après un certain temps, définitivement et universellement considéré comme « brigandage » et exclu de l’histoire narrative de la foi.
Page 237, version française des éditions Téqui.

Cette remarque semble étonnante surtout par l’utilisation du terme de : brigandage (latrocinium). Il me semble qu’il n’existe qu’un seul cas pour l’utilisation d’un tel terme : le Deuxième concile d’Éphèse. En disant cela il n’écarterait pas : qu’après un certain temps, d’autres conciles œcuméniques puissent être exclu de l’histoire de la foi.

Et bien maintenant, pour nous amuser, voyons quels conciles œcuméniques pourraient, après un certain temps, être : être exclu de l’histoire de la foi.

Deuxième concile du Vatican
Pour cité Wikipédia, l’on sait que l’Herméneutique de Vatican II est une branche de l’ecclésiologie et de la théologie catholiques qui étudie la portée, la réception et le sens des réformes introduites dans l’Église catholique par le concile Vatican II. L’herméneutique du concile se déploie autour d’une interrogation sur sa nature même : marque-t-il une rupture avec le passé ou en assure-t-il au contraire la continuité ? L’on peut se dire que ce concile n’est vraiment pas clair, donc pas très utile. En son nom que d’hérésies ont été dites.
Verdict : être exclu de l’histoire de la foi.

Premier concile du Vatican
L’on juge un arbre à ses fruits. La primauté papale a imposé aux églises latines : des évêques qui parfois ne sont pas des gardiens de la foi, une réforme liturgique, discutable, changé la pratique du jeûne et du carême,  une suppression des principes du droit ecclésiastique…
Verdict : être exclu de l’histoire de la foi.

Concile de Trente
Comme son petit frère Vatican II, c’est du blabla. C’est à partir ce concile que commence la protestantisation de l’Eglise romaine.
Verdict : être exclu de l’histoire de la foi.

Conciles œcuméniques de Constantinople IV, Latran I, Latran II, Latran III, Latran IV, Lyon I, Lyon II, Vienne, Constance, Bâle-Ferrare-Florence-Rome, Latran V
En fait honnêtement, ils ne sont œcuménique que de nom, les orientaux, ne les ont pas reconnu. Et vu le peu de personne sachant à quoi ils ont servi… c’est qu’ils ne sont pas très utiles… donc…
Verdict : être exclu de l’histoire de la foi.

Conciles œcuméniques de Constantinople II, Constantinople III, Nicée II
Comme les orientaux ne veulent pas reconnaitre NOS conciles ou ils ne sont pas venus, ne ne reconnaissons pas les leur ou nous ne sommes pas venu.
Verdict : être exclu de l’histoire de la foi.

Concile de Chalcédoine
Voila un concile exclu les églises : coptes, éthiopiennes, arméniennes, syriaques. Mais la déclaration commune du 23 juin 1984 du Pape Jean-Paul II et S.S. Mar Ignatius Zakka Ier, Patriarche syrien-orthodoxe d’Antioche :
Tout d’abord, Leur Saintetés confessent la foi des deux Églises, formulée par le Concile de Nicée en 325, exprimée dans le Credo de Nicée. Les mésententes et les schismes qui sont survenus dans les siècles suivants entre les deux Églises, — ils le reconnaissent aujourd’hui — n’atteignent pas la substance de leur foi, étant donné que ces difficultés ont surgi seulement pour des raisons de divergences dans la terminologie…
Donc Chalcédoine ce n’était que des divergences dans la terminologie… alors :
Verdict : être exclu de l’histoire de la foi.

Concile d’Éphèse
Vous allez dire : quand même ce concile a condamné les nestoriens, ces gens n’ont rien à voir avec nous !
Dans la déclaration christologique commune du 11 novembre 1994 entre pape Jean Paul II et le patriarche Mar Dinkha IV, Église apostolique assyrienne de l’Orient (nestorien) il est précisé :

Notre Seigneur Jésus Christ est donc vrai Dieu et vrai homme, parfait dans sa divinité et parfait dans son humanité, consubstantiel au Père et consubstantiel à nous en tout, hormis le péché. Sa divinité et son humanité sont unies en une personne, sans confusion ni changement, sans division ni séparation. En lui a été préservée la différence des natures de la divinité et de l’humanité, avec toutes leurs propriétés, facultés et opérations. Mais loin de constituer «un autre et un autre», la divinité et l’humanité sont unies dans la personne du même et unique Fils de Dieu et Seigneur Jésus Christ, objet d’une unique adoration.
Le Christ n’est donc pas un «homme ordinaire» que Dieu aurait adopté pour y résider et pour l’inspirer comme chez les justes et les prophètes. Mais le même Verbe de Dieu, engendré par le Père avant tous les siècles, sans commencement selon sa divinité, dans les derniers temps est né d’une mère, sans père, selon son humanité. L’humanité à laquelle la bienheureuse Vierge Marie a donné naissance a été depuis toujours celle du Fils de Dieu lui-même. C’est la raison pour laquelle l’Église assyrienne de l’Orient prie la Vierge Marie en tant que « Mère du Christ notre Dieu et Sauveur ». À la lumière de cette même foi, la tradition catholique s’adresse à la Vierge Marie comme « Mère de Dieu » et également comme « Mère du Christ ». Les uns et les autres nous reconnaissons la légitimité et l’exactitude de ces expressions de la même foi et nous respectons la préférence de chaque Église dans sa vie liturgique et sa piété. »
Donc Ephèse ce n’était que des divergences dans la terminologie… alors :
Verdict : être exclu de l’histoire de la foi.

Concile de Constantinople
Un des deux conciles reconnu par toutes les églises chrétiennes, donc on ne peut rien lui reprocher… sauf que… le Symbole de Nicée-Constantinople c’est lui qui l’a rédigé. Saint Augustin et saint Ambroise affirment que le Symbole des Apôtres qui était récité par les latins est d’origine apostolique. L’on peut même penser que les orientaux aussi le connaissaient. Si c’est vrai, alors ce serait le Symbole de Constantinople qui aurait supprimé en Orient le Symbole des Apôtres.
Verdict : être exclu de l’histoire de la foi.

Premier concile de Nicée
Convoqué par un saint empereur, souverain pontife  des religions païennes, qui avait sans doute fait exécuter son beau-père l’ex-empereur Maximien Hercule, mais aussi son propre fils Crispus, sa femme Fausta, son beau-frère Licinius. Il attendit ses instants, non pas pour recevoir l’extrême onction, mais le baptême.
Bon revenons au concile lui-même, dans le 16e canon nous avons l’affirmation  : Si quelqu’un ose, pour ainsi dire, voler un sujet qui appartient à un autre évêque, et s’il ose l’ordonner pour sa propre Église sans la permission de l’évêque, au clergé duquel ce clerc appartient, l’ordination sera nulle. Il se pourrait que cela ne soit pas seulement un problème de discipline, mais doctrinal. De même qu’affirmer que le baptême donné par un hérétique est nul, est une hérésie, peut-être qu’affirmer qu’une ordination sacerdotale faite sans permission de l’évêque d’origine est nulle peut être aussi une hérésie ???
Verdict : n’ayant pas de réponse à la dernière question et vu que ce concile a été convoqué par un saint empereur, ce concile est partie intégrante dans l’histoire de la foi.

Dire que les conciles ont plus eu un effet de division et de désordre dans le peuple de Dieu, ceci est excessif, ce qu’il faut voir c’est leur utilité… bon, il se fait tard… il est minuit… merci, dans les commentaires, de me mettre l’utilité des conciles…

Mos majorum

La philosophie catholique en France au XIXe siècle. Avant la renaissance thomiste et dans son rapport avec elle
Louis Foucher

Louis de Bonald :
Selon sa conception, croire que les Hommes peuvent vivre libres et souverains est contraire à ce que l’Histoire a montré, en effet, il y a toujours un pouvoir (Dieu, le Roi, le père), des ministres (le sacerdoce, la noblesse, la mère) et des sujets (les fidèles, les vassaux, les enfants). Cette idée sera reprise au début du xxe siècle concernant les rapports sociaux de sexe, notamment par la théoricienne antiféministe Marthe Borély.

 

Doctrine selon laquelle les formes politiques et religieuses doivent être conservées, dès lors qu’elles sont traditionnelles, consacrées par le passé. Qu’on échoue à les justifier intellectuellement n’est pas une objection, car leur valeur ne tient pas au fait qu’on peut les vérifier ou non par voie critique (enquête et raisonnement sont faillibles, superficiels, inadéquats) ; elle tient au fait que la société, qui s’est édifiée bien avant l’apparition de la science, a dû connaître et satisfaire ses besoins profonds de manière spontanée, c’est-à-dire à partir d’une révélation congénitale. C’est cette révélation qui est le fondement de tout, y compris de la vérité. Et c’est par la tradition, chargée de transmettre la révélation initiale, que la vérité peut être connue (le traditionalisme conduit au fidéisme, parce qu’il réserve à la foi issue de la révélation et communiquée par tradition de déterminer même les vérités de raison). Historiquement, cette doctrine a été celle de Bonald, de Joseph de Maistre, de Bautain, de Bonnety. Elle repose sur une conception précise de l’autorité et de l’obéissance : l’homme est « un être essentiellement enseigné ». Il doit recevoir la vérité d’en haut, comme héritage collectif. Cet héritage ne peut venir que de la société, parce que la fondation de celle-ci coïncide avec une Révélation qui apporte toutes les vérités nécessaires, avec une Parole qui les authentifie et qui, d’ailleurs, pour certains traditionalistes, fut à l’origine d’une langue universellement comprise, véhicule de connaissances indispensables en matière d’organisation, de morale, de religion. Si, au contraire, l’homme entend user du sens propre, de la raison individuelle, il préfère la nouveauté à la « vérité oubliée » et il introduit l’erreur, puisque la nouveauté est « sans ancêtres », c’est-à-dire sans garantie, et devrait rester « sans postérité », faute de paternité légitime. Le traditionalisme fut condamné en 1855 par l’Église romaine, qui tint à réhabiliter l’usage normal de la raison et du raisonnement.

 

Décret de la Sacrée Congrégation de l’Index, 11 (15) juin 1855.

Thèses contre le traditionalisme de Bonnetty.

2811

  1.  » Même si la foi est au-dessus de la raison, il ne peut jamais exister entre elles aucun dissentiment réel, aucune discorde, puisque toutes deux découlent d’une seule et même source de vérité immuable et éternelle, Dieu très bon et très grand, et qu’elles s’aident mutuellement  » 2776 ; voir 3019 ).

2812

  1. Le raisonnement peut prouver avec certitude l’existence de Dieu, la spiritualité de l’âme, la liberté humaine. La foi est postérieure à la Révélation, et elle ne peut donc pas être alléguée pour prouver l’existence de Dieu vis-à-vis d’un athée, ni pour prouver la spiritualité de l’âme raisonnable et sa liberté face aux partisans du naturalisme et du fatalisme (voir 2751 , 2754 .

2813

  1. L’usage de la raison précède la foi et y conduit l’homme à l’aide de la Révélation et de la grâce 2755 .

2814

  1. La méthode dont se sont servis saint Thomas, saint Bonaventure et d’autres scolastiques après eux, ne conduit pas au rationalisme, et elle n’a pas été la cause de ce que dans les écoles d’aujourd’hui la philosophie incline au naturalisme et au panthéisme. C’est pourquoi il n’est pas permis de reprocher à ces docteurs et à ces maîtres de faire usage de cette méthode, surtout avec l’approbation, au moins tacite, de l’Eglise.

 

Instruction du Saint-Office au vicaire apostolique du Siam, 4 Juillet 1855.

Première réforme liturgique

Première réforme liturgique

’est par un drame que commence l’histoire de l’humanité sortie du jardin d’Eden. Nous ne savons d’Adam qu’une chose, c’est qu’il cultiva les fruits de la terre (Gn 3,23). Ce premier moment de l’histoire humaine, nous le connaissons par l’histoire de Caïn et Adel. La première lecture du quatrième chapitre de la Genèse nous fait penser à un fabliau. C’est gênant de voir le Seigneur peu charitable et caractériel dont la négligence de ne pas regarder Caïn va causer la mort d’un innocent. Abel est vu comme un benêt se laissant tuer sans savoir pourquoi par son grand frère. Bon, l’on se dit que le Seigneur connaissant l’avenir, a manqué peut-être de discernement.

Il m’a semblé trouver une clé de cette histoire en lisant la version Vetus latina : Et respexit Deus super Adel, et numera ejus. Super Caïn vero, et sacrificia ejus, non respexit. En effet l’on a l’habitude de lire la version latine  de la Sixto-Clémentine de 1598, après le concile de Trente : Et respexit Dominus ad Adel, et numera ejus. Ad Caïn vero, et numera illius, non respexit. La Vetus latina fait une différence entre Abel avec : numera ejus, et Caïn avec : sacrificia ejus. Cela nous éclaire sur le fait que cette histoire ne narre pas les dévotions personnelles des deux premiers frères de l’humanité. Car s’il en avait été ainsi le Seigneur n’aurait pu que jeter son regard affectueux sur les deux dévotions. Cet événement porte sur la manière de sacrifier l’Agneau immolé dès l’origine du monde Ap 13,8

Tout porte a supposer que nous sommes devant un acte extrêmement grave de l’humanité, ou la manière de faire de Caïn, devait être sanctionné par le Seigneur. Où Abel devait se livrer en victime pour sauver l’honneur de Dieu et le salut de l’humanité. Caïn, l’ainé, avait remplacé son père Adam encore vivant, dans la fonction de pontife.

Le juste sacrifice, que ce soit celui que devait faire Adam, Caïn ou Abraham, acceptant de sacrifier son fils, ou l’actuel saint sacrifice de la messe, c’est le même. Lorsque Dieu demande à Abraham de lui sacrifier son fils, en retenant sa main qui va sacrifier Isaac, il ne change pas sa demande, car le fils d’Abraham sera quand même sacrifié, plusieurs générations plus tard, sur la Croix. Dans la nouvelle loi, c’est le même sacrifice, tout aussi sanglant.

Le conflit entre les deux premiers fils d’Adam, est un conflit de conceptions liturgiques, qui sont en fait l’expression de deux conceptions de la réalité. Caïn est plein de bons sentiments, cet Agneau immolé dès l’origine du monde Ap 13,8, qu’il a vu dès sa première enfance égorgé par son père Adam, est pour lui un scandale.

Caïn avait fait une faute très grave, dont il connaissait la gravité, car une faute grave ne peut se faire qu’avec connaissance. Mais le Seigneur ne va pas le punir pour cette faute, en effet le Seigneur ne le puni pas, seulement il ne regarde pas son sacrifice. Il est intéressant de voir que dans la Rome païenne, les crimes d’impiétés ne portaient pas sur les fautes de culte, considérés d’abords comme des imprudences, mais ces crimes portent sur le fait de ne pas réparer ces fautes. Caïn savait donc qu’il devait réparer sa faute, refaire un juste sacrifice, et que le Seigneur lui pardonnerait.

Caïn ne considérait pas qu’il y avait eu une faute dans son sacrifice, il venait d’établir une nouvelle réforme liturgique. Par contre son petit frère qui n’était pas naïf, au point de se faire tuer sans raison, compris la gravité de la situation. Dans la liturgie antiochienne, pour l’offertoire, sacrifice d’Aaron, le prêtre après avoir fait mémoire de Notre Seigneur Jésus-Christ, déclare de suite : Nous faisons mémoire de la présente eucharistie, d’Adam, d’Eve… Surement ce qu’Abel fit aussi, mais laissa son frère faire le sacrifice. Abel n’était pas lui le pontife. Il savait que lui même ne pouvait pas sacrifier, que seul son frère le pouvait, que les fruits de la terre, de la manière dont ils furent offert ne suffisaient pas. Pour la paix des hommes et de la terre, il fallait que le pontife sacrifie une nouvelle victime, cette victime ce fut lui, Abel.

L’offrande d’Abel se différenciait du sacrifice de Caïn par le fait qu’elle était ce que l’on appel actuellement un offertoire. Cet offertoire commençant par la présentation de l’offrande par le diacre. Abel eu surement cette fonction avec son père Adam lorsque celui pontifiait. Comme beaucoup de réformateur, Caïn supprima l’offertoire.

Et nous arrivons au Gn 4,7, avec encore une importante différence entre les deux versions latines. La traduction de la Sixto-Clémentina fait dire au Seigneur pour expliquer sa faute à Caïn : Si tu agis bien, ne relèveras-tu pas ton visage ? je ne vois pas trop ce que cela veut dire. Mais la traduction de Vetus latina, nous allons prendre saint Irénée :

L’on peut lire toujours ceci comme problème liturgique.

Par contre la suite est intéressante : Or Caïn dit à son frère Abel: Sortons dehors. Et lorsqu’ils furent dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. Gn 4,8. En évoquant le premier meurtre de l’humanité, je vais essayer de vous présenter un ensemble de pièces de pluzz que l’on retrouvera dans presque tous les crimes de l’humanité. Le fait de le faire sortir est comme une excommunication, un parallèle est à faire avec : Et l’ayant entraîné hors de la ville, ils le lapidaient; Act 7,58. La raison du meurtre est souvent la même, Caïn pensait bien faire, et même agir pour le bien commun : il vaut mieux pour vous qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse point. Jn 11,50. Ce raisonnement ne semble pas logique , Notre Seigneur nous explique comment il peut être tenu : Vous avez le diable pour père, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et il n’est pas demeuré dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur, et père du mensonge. Jn 8,44. Le meurtrier tue car il n’est pas dans la vérité, il est dans le mensonge. Caïn qui devait voir et parler au Seigneur comme l’avaient fait ses parents au jardin d’Eden, les membres de Sanhédrin dont la première utilité étaient d’attendre le Messie, ont fait un des pires mensonges qui soit c’est celui sur la Charité : Si quelqu’un dit: J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur. I Jn 4,20. Ce qui fait que malgré les prophètes, le sens commun des peuples, certains mentent, c’est par envie, par convoitise, saint Jacques nous donne le mécanisme :  Mais chacun est tenté par sa propre convoitise, qui l’emporte et le séduit. Ensuite, lorsque la convoitise a conçu, elle enfante le péché; et le péché, étant consommé, engendre la mort. Jac 1,14-15. Peut-être que la première pièce du pluzz nous est donnée par le livre de la Sagesse : Mais la mort est entrée dans le monde par l’envie du diable. Sg 2,24.

Revenons à la suite de notre histoire. Le péché d’Adam causa un trouble à la terre. Le meurtre de Caïn causera une réaction de la terre contre lui. Le Seigneur lui dit : Vous serez donc maintenant maudit sur la terre, qui a ouvert sa bouche, et qui a reçu de votre main le sang de votre frère. Quand vous l’aurez cultivée, elle ne vous rendra pas son fruit. Vous serez fugitif et vagabond sur la terre. Gn 4,11-12. L’on peut très bien interpréter que c’est plus la terre troublée qui va sanctionner Caïn que le Seigneur. A ce moment le meurtrier prend conscience de la gravité de son acte déclare : Mon iniquité est trop grande pour que j’en obtienne le pardon… Quiconque donc me trouvera, me tuera. Gn 4,13-14 A ce moment l’on peut voir la miséricorde du Seigneur envers celui qui reconnait la gravité de ses péchés : quiconque tuera Caïn en sera puni sept fois. Gn 4,15.

Et tous le monde semble croire que l’histoire s’arrête ici. Que la malédiction est perpétuelle. Mais tout est bien qui fini bien, c’est l’happy end. Le Seigneur est bon : Et ayant connu sa femme, elle conçut et enfanta Hénoch. Et il bâtit une ville qu’il appela Hénoch, du nom de son fils. Gn 4,17. Donc il arrête d’être fugitif et vagabond sur la terre. Peut-être que cette fondation de ville, nous donnerait une explication sur la raison de pourquoi Caïn de son vivant serait devenu pontife, alors que son père Adam vivait toujours. En cherchant dans l’histoire des peuples nous retrouvons une histoire similaire. Nous le voyons, dans les deux premiers versets de cette histoire, Caïn et Abel sont des jumeaux. Comme l’étaient Romulus et Rémus qui fondèrent Rome. Et comme Caïn tua son frère Abel, Romulus tua son frère Rémus. Comme l’on pourrait dire maintenant, le projet de vie de Caïn, était de fonder une ville. Son premier essai fut tragique. Après un long temps d’épreuve, il pu fonder une ville, et accomplir son projet de ville. Cette histoire est aussi une leçon pour l’avenir montrant le malsain désir des hommes dans leur intérêt du centre urbain de leur société à un centre rural. Au sortir de l’arche de Noé c’est ce que firent les hommes en fondant Babel au lieu de se disperser pour se multiplier et occuper la terre.

Le Seigneur béni la postérité de Caïn : Ada enfanta Jabel, qui fut père de ceux qui demeurent dans des tentes, et des pasteurs. Gn 4,20. Si Noé fut de la lignée de Seth, ce verset nous permet de croire que son épouse et ses belles filles étaient de la lignée de Caïn. De cette lignée sortir : Ceux qui jouent de la harpe et de l’orgue Gn 4,21. Non seulement contant d’avoir comme descendants des nomades, des pasteurs, des artistes, il eu comme petit fils : Tubalcaïn, qui eut l’art de travailler avec le marteau, et qui fut habile en toutes sortes d’ouvrages d’airain et de fer. Gn 4,22.

La conclusion de cette belle histoire sur la miséricorde du Seigneur, nous donne l’espoir que les pires des persécuteurs qui au nom d’une réforme liturgique peuvent tuer, peuvent aussi se repentir et donner de bons fruits.

Controverse de Cîteaux contre Cluny

Controverse de Cîteaux contre Cluny

 

l me semble voir dans la controverse de Cîteaux contre Cluny une fracture dans la pensée des élites des églises latines. Je ne reproche pas aux cisterciens leur décision de vivre une vie plus austère qu’à Cluny, c’était leur choix, mais leur attaque contre Cluny était honteuse. Imagine-t-on saint Jean Baptiste installé au désert en mangeant des sauterelles reprocher à son cousin son mode de vie moins austère ? Imagine-t-on les pères du désert dans leur retraite ascétique fustiger tous les chrétiens vivant une vie normal dans les villes et les campagne ?

Cluny c’est la pratique de la Charité en acte et en vérité. Charité envers Dieu par sa liturgie et envers les pauvres qu’elle assiste. Cîteaux c’est le moralisme, l’intellectualisme et le paraitre.

En attendant que je puisse développer  ce thème j’invite le lecteur à commencer par lui-même étudier le sujet en lisant :

Pièces de la controverse de Cîteaux contre Cluny

Pastor Æternus

Pastor Æternus

 

 

 

A la veille de plusieurs synodes, celui d’Amazonie, celui d’Allemagne, l’on sent de la part de beaucoup de Catholiques une certaine souffrance. Ces synodes ne changerons peut-être rien, mais s’ils venaient à le faire, il faut prévoir comment répondre aux graves dépressions et douleurs cérébrales qui s’en suivrait et pourrait conduire à des rejets de la foi catholique.

Le cardinal Marx a déclaré : Je ne vois pas pourquoi les sujets sur lesquels le magistère s’est prononcé ne devraient plus être l’objet de débats. Nous savons que ce prélat est en accord avec le pasteur suprême et universel, le pape François. Alors selon les souhaits du souverain pontife est temps maintenant d’avoir : un honnête débat théologique et intellectuel, sur la constitution Pastor Æternus. De suite je vais dire mon sentiment, il se pourrait que pour défendre l’Eglise, les Catholiques conservateurs ont façonné et défendu Pastor Æternus comme un cheval de Troie dans lequel se cachent les libéraux qui s’en servent pour détruire l’église. Je mettrais le cardinal Marx dans ces libéraux. Le plus gênant dans cette constitution apostolique n’est pas son quatrième paragraphe portant sur l’infaillibilité mais son troisième chapitre sur la subordination hiérarchique de tous les pasteurs et fidèles au pape.

La papauté garanti pendant le premier millénaire aux églises latines une unité, au deuxième millénaire, elle permis la prédication de l’évangile sur tous les continents. La papauté fut la force et la défense des églises et des peuples occidentaux. Mais avec une grande gène, certains catholiques sentent que cette papauté n’est plus à même de les défendre. Lorsqu’un principe qui les défendait ne les défend plus, c’est que ce principe a changé. La papauté fut lumière du monde, et sel de la terre, ce n’est plus le cas. Beaucoup se posent la question : comment en sommes nous arrivé là ? Cette crise est la suite de plusieurs batailles perdues qui commence au jardin d’Eden. Mais une des dernières défaites date du XIXe, je vous invite à lire un texte d’un des meilleurs penseurs français actuels, Nicolas Bonnal sur Napoléon et la fin de l’Histoire. Bien que dans cet écrit il ne développe pas le sujet qui nous intéresse : l’Eglise. Avec le concordat de Napoléon s’instaure la fonctionnarisation du prêtre payé par l’état. La funeste institution du séminaire devient l’unique voie au sacerdoce pour les séculiers. Le Conseil d’Etat renforce le tyranisme épiscopal en confirmant la suppression de l’inamovibilité des prêtres. Ainsi le prêtre sachant que par caprice de son évêque, il peut être victime d’une peine de déportation lui faisant perdre repères et stabilité sociale, perd une partie de sa capacité liberté à défendre la foi et la justice.

Le centralisme, le pouvoir, le culte de Napoléon déteint sur le pontife romain. La suprématie papale portera sur la discipline, le droit et la liturgie des églises locales. Les forces du mal vont profiter du pontificat d’un des plus saints papes, Pie X, pour que soit prises de funestes décisions. Avant j’aurais dit être de l’église de Tulle, et résident actuellement sur le territoire de l’église de Moulin. Maintenant je dois dire tous simplement que je suis de l’Eglise romaine, résidant sur le territoire ou se trouve l’église en Bourbonnais. C’est au XIXe siècle que le centralisme romain a fait perdre les principes ecclésiologiques apostoliques des églises locales. Au XXe siècle l’évêque aura perdu toutes ses prérogatives et deviendra comme un fonctionnaire révocable d’un empereur à Rome.

La suprématie pontificale, non seulement a dépassé dans les domaines de la discipline, du droit, de la liturgie des églises locales mais elle a décidé de s’incérer dans le domaine politique. Ce fut le cas en France lors du ralliement à la République et de la condamnation de l’Action française que l’on peut légitimement compté dans les causes de l’apostasie française. L’on peut dire aussi que la papauté à du sang sur les mains, le sang de catholiques. Cela c’est passé au Mexique avec les Cristeros. Au nom du pape Pie XI, ils sont menacé d’être excommuniés, s’ils ne rendent pas les armes. Ils obéissent et des milliers seront assassinés.

Dans cette guerre des deux étendards la papauté vas se limité à la plus mauvaise des stratégies militaires : celle de la réponse symétrique. Au XIXe siècle, pour répondre au rationalisme athée, elle va ressortir de ses cartons le néo thomisme. Les hommes politiques oublièrent la défense de la terre qui les avait fait naitre pour se lancer dans les luttes sociale. Avec Rerum Novarum, encyclique sociale du pape Léon XIII, l’Eglise va les suivre. A la deuxième moitié du XXe siècle les politiques vont oublier la défense sociale de leurs peuples pour se préoccuper de morale et d’affaires sociétales. A partir d’Humanæ vitæ en 1968, le sociétal sera la principale préoccupation des Catholiques. Un grand moment de la fixation morale exclusive du sixième commandement. Dans les jours qui viennent beaucoup de Catholiques français vont monter à Paris pour manifester contre la PMA pour toutes. On ne lance pas des troupes dans un combat perdu d’avance. A la stratégie moraliste des ennemis de l’Eglise, l’on veut répondre par la revendication d’un ordre moral.

En 313 lors de l’Edit de Milan, ce ne sont pas les catholiques qui ont prit le pouvoir, mais le pouvoir qui est devenu catholique. Pourtant la société romaine se voulait très morale dans ses Mos majorum. Il en était de même pour les autres peuples. Mais qui les poussèrent vers l’Eglise c’était la charité qu’ils pouvaient y trouver. Maintenant si vous n’êtes pas jeune, ou alors riche, ou alors puissant vous n’avez plus votre place dans les églises latines. L’on a plus de probabilité de ressentir une authentique fraternité dans un bar autour d’une bière que dans une paroisse.

De nos jours, la papauté veut la révolution. Que les conservateurs lui offre LA révolution. Celle qui après un tour complet sur elle même revient à sa place. Vous n’êtes pas assez ouvert nous reprochent-ils. Nous allons faire de l’œcuménisme en envoyant les Dubia Amoris Lætitia aux patriarches des églises autocéphales. Rome refuse d’y répondre, si ces patriarches orientaux répondaient, la papauté serait très embarrassée. Vous ne donner pas assez de responsabilité aux fidèles. Nous allons demander à des évêques ou supérieurs généraux pouvant appeler aux ordres de restaurer le clergé mineur séculier et les prêtres communalistes qui ne faisaient pas de séminaire. Saint François de Salle, par an en moyenne, tonsurait milles jeunes hommes et en ordonnait cents. Vous n’avez pas l’esprit synodal. Nous allons demander à des évêques de restaurer la pratique synodale d’avant le concile de Trente. Par diocèse, deux synodes par an, non pas pour faire de la com., mais pour parler des réels problèmes du diocèse. Le jour ou l’évêque dépassera 75 ans le synode décidera de garder son évêque comme un père. Et lorsque l’évêque mourra le synode présentera aux évêques de la provinces ecclésiastique trois noms pour le remplacer. Le pape François a supprimé la longue liste de titres des papes pour ne garder que celui d’évêque de Rome. Nous allons nous faire un scrupuleux devoir de respecter sa volonté en oubliant d’envoyer les plus de 400 millions de dollars annuel. Qu’il ne s’occupe plus de nos diocèses, et qu’il ne s’occupe plus que du sien en nous disant de ne pas écouter ceux qui parlent en son nom.

Pour conclure je dirais que Sa Sainteté le pape François est vraiment pape. Mais il a remarqué les capacités du Pasteur suprême après son élection : Mon élection en tant que pape ne m’a pas converti soudainement, de manière à me rendre moins pécheur qu’auparavant. Il nous appel à la réflexion. Seuls les libéraux semblent réfléchir, mais pour détruire l’église. Les rares théologiens catholiques conservateurs ont raison d’aborder les thèmes du sixième commandement. Mais ils n’abordent que ces thèmes là. Ils ne défendent que des thèses progressistes du XIXe siècle. Le renouveau de l’Eglise se fera lorsque des catholiques conservateurs se mettront à réfléchir à l’état des églises latines avant le Concordat de Bologne, lorsque le clergé diocésain votait pour la désignation de l’évêque.